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  • Yseult Théraulaz

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Le syndrome des ovaires polykystiques, un mal encore sous-estimé

Touchant jusqu’à une femme sur quatre, ce dysfonctionnement hormonal engendre notamment pilosité excessive, surpoids et perte de cheveux (alopécie). Il est également associé à un risque élevé de diabète de type 2.

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la conséquence d’un trouble hormonal affectant le cycle menstruel. Ce déséquilibre perturbe la croissance des follicules ovariens (à savoir les structures renfermant les ovocytes). Conséquence : ils s’accumulent et miment l’effet de petits kystes. «Ce syndrome est très fréquent : entre 10 et 25% des femmes sont concernées. Se déclenchant généralement à l’adolescence, il peut à terme provoquer une infertilité. Il a longtemps fait l’objet d’une certaine méconnaissance, tout en étant minimisé, de sorte qu’il est bien souvent diagnostiqué tardivement, aujourd’hui encore», explique la Dre Carole Nicolas, médecin adjointe à l’Unité de médecine de la reproduction et d’endocrinologie gynécologique. Ainsi, face à des symptômes très différents et d’intensité variable selon les femmes, il arrive que le corps médical ne repère pas ce dérèglement hormonal. Sans oublier les patientes elles-mêmes : parfois habituées à avoir des cycles «atypiques» et en l’absence de douleurs causées par ce trouble, elles ne consultent pas forcément. Le diagnostic peut alors être posé au détour d’un contrôle de routine.

Et ce n’est pas tout, car les conséquences du SOPK persistent au-delà de la ménopause. «Ce trouble allant souvent de pair avec un surpoids et des perturbations du métabolisme, les femmes concernées sont plus à risque, l’âge avançant, de développer un diabète de type 2 ou un cancer hormono-dépendant comme celui du sein, par exemple», poursuit l’experte.

Des retentissements multiples

Cycles menstruels irréguliers, acné tardive, prise de poids sans raison apparente, présence de poils sur des endroits inhabituels (dos, visage), perte de cheveux importante: les symptômes sont multiples et ont un impact tant sur la santé des femmes, que sur leur vie sociale, professionnelle et affective.

Qu’en est-il du diagnostic ? Si l’hypothèse peut être vérifiée par une échographie, cette dernière n’est pas suffisante car la présence de nombreux follicules n’est pas pathologique en soi, surtout chez les jeunes femmes. Outre l’imagerie, l’association de plusieurs critères cliniques et biologiques est donc requise. Une fois le problème confirmé, il est possible d’agir sur les symptômes, le traitement étant défini selon les besoins et l’âge de la patiente.

«Chez les jeunes femmes, une contraception hormonale peut être proposée pour réguler les cycles et pallier l’excès de testostérone responsable de la pilosité excessive. Une prise en charge dermatologique complémentaire, voire esthétique pour des épilations au laser, est parfois envisagée. Pour les patientes ayant un désir de grossesse, une aide à l’ovulation est possible. Enfin, des médicaments agissant sur la sécrétion d’insuline préviennent l’apparition d’un diabète», rappelle la Dre Nicolas. Et d’ajouter : «L’accent est aussi mis sur l’hygiène de vie. Une alimentation saine et une activité physique suffisante stimulent le métabolisme et favorisent un meilleur équilibre hormonal.»

Témoignage

« Je pensais que mes symptômes étaient liés à la condition féminine »

Sandra, 39 ans, a appris qu’elle souffrait du syndrome des ovaires polykystiques lors d’une simple échographie de contrôle. «J’avais pris beaucoup de poids en peu de temps et j’étais dans un état fiévreux chaque fois que j’avais mes règles. Je ne me plaignais pas, car je pensais que tout cela était lié à la condition féminine. C’est en consultant la Dre Carole Nicolas que j’ai appris il y a quelques mois que je souffrais de ce syndrome, que des médicaments pouvaient me soulager et que je n’avais pas à endurer tout cela. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux. J’ai retrouvé un état de calme que je ne connaissais plus.»

Témoignage

« J’ai eu peur de ne pas pouvoir tomber enceinte plus tard »

Pour Stella, 29 ans, le diagnostic est tombé lorsqu’elle avait 15 ans. «Mes règles étaient rares et très abondantes. Je ne connaissais pas du tout le syndrome des ovaires polykystiques et j’ai eu peur de ne pas pouvoir tomber enceinte plus tard. J’ai désormais plus d’informations et cela me rassure.» La jeune femme s’est mise au sport et a consulté une nutritionniste. Elle a perdu du poids et est en attente d’un traitement pour soulager ses symptômes.

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