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  • Elodie Lavigne

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Les bienfaits de l’art-thérapie

L’art-thérapie est proposée dans différents services et unités de l’hôpital (pédiatrie, soins palliatifs, soins intensifs, réadaptation gériatrique, psychogériatrie, etc.). Complémentaire à la médecine, elle mobilise, de manière détournée, le corps dans ses aspects sensoriels, émotionnels et imaginaires afin de lui redonner son élan vital. Comment ? En faisant appel au potentiel créatif de chacun et chacune, déclare Cristina Anzules, art-thérapeute à l’Unité d’éducation thérapeutique du patient : «Nous invitons la personne à se reconnecter à elle-même. Par l’intermédiaire de la matière, qui devient langage, elle peut donner forme à ce qui l’habite à l’intérieur. L’art-thérapeute est là pour accueillir ce qui émerge de ces expériences.»

Objets détournés, dé escargot, Pascal Benoît, photographie, 2002

Objets détournés, dé escargot, Pascal Benoît, photographie, 2002

Atelier d’art dans l’unité Colza de l’Hôpital de psychiatrie, 2019

Atelier d’art dans l’unité Colza de l’Hôpital de psychiatrie, 2019

Faire appel à ses ressources

L’art-thérapie peut aider dans de nombreuses situations cliniques, dont les maladies chroniques, illustre-t-elle : «Les personnes diabétiques, parce qu’elles doivent faire très attention à leur taux de glycémie, sont constamment dans le contrôle. La routine est très forte et les gestes mentalisés. Nous leur donnons la possibilité de créer, de se remettre en mouvement et de partager au-delà de la maladie, en faisant appel à leurs ressources. Ces expériences créatives permettent de faire face aux changements qu’implique la maladie chronique au quotidien.»

L’art est une opportunité d’accéder aux ressources personnelles, de renouer avec soi et avec les autres. L’art-thérapie est ainsi également utilisée dans le cas de troubles du comportement alimentaire et d’obésité pour celles et ceux qui veulent explorer leur univers imaginaire, donner du sens à leur vécu et le transformer. Le nouveau programme ART*S, soutenu par la Fondation Art-thérapie et la Fondation privée des HUG, est destiné aux 18-25 ans. Des séances en atelier et des visites d’expositions leur sont proposées.

Club de Rome, Eric Bossard, 2014 Collage sur toile

Club de Rome, Eric Bossard, 2014 Collage sur toile

Aquifers, Northern Kalahari Basin, aquarelle, Marie Velardi, 2012

Aquifers, Northern Kalahari Basin, aquarelle, Marie Velardi, 2012

Ressentir grâce à Artopie

Artopie a vu le jour en 2017 au sein de MALATAVIE unité de crise grâce au partenariat public-privé avec la Fondation Children Action et le soutien financier de la Fondation d’Harcourt. Aujourd’hui, le programme est piloté par la Fondation Convergences.

artopie

Ce projet pilote propose des expériences artistiques et culturelles aux patientes et patients du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent : «Il s’appuie sur l’expérience montrant qu’exprimer ses émotions ou sa souffrance psychique est en soi thérapeutique», explique la Dre Anne Edan, médecin adjointe et responsable de MALATAVIE unité de crise.

Des activités sur mesure

L’engagement des artistes, des institutions culturelles genevoises et des équipes soignantes a permis de mettre sur pied un programme d’activités extrêmement riche et éclectique allant d’ateliers d’écriture, de théâtre, de radio, de danse orientale, de hip-hop, aux chanteurs d’oiseaux ou à la participation à différents événements comme le festival de films FIFDH avec la remise du prix Artopie. Les jeunes ont rencontré des personnalités inspirantes dans des domaines aussi variés que la littérature, le culturisme, le sport de haut niveau ou le monde numérique, avec la présence d’une YouTubeuse. «Artopie relève le pari de travailler directement avec des artistes. Par un effet de surprise et de rencontres, les jeunes peuvent voir que d’autres voies sont possibles», se réjouit la Dre Edan. Dans ces moments de plaisir et sous le regard attentif des équipes médicales, les jeunes explorent une nouvelle relation à soi et à l’autre. «Ces expériences font tomber les barrières entre les ados et le personnel soignant, et nous invitent à nous redécouvrir», poursuit la psychiatre.

Dans sa fonction protectrice, le monde du soin est habituellement à l’écart de la cité. Artopie cultive au contraire l’ouverture vers celle-ci. «La proximité entre psychiatrie et société, via l’art et la culture, est centrale», confirme Chloé Défago, chargée de projet culturel d’Artopie. Avec certitude, Artopie pourra pleinement se déployer dans la toute nouvelle Maison de l’enfance et de l’adolescence (MEA), avec sa salle de spectacle et son rez-de-chaussée ouvert au public.

Artopie, atelier Pers-noces avec Coralie Sanson, 2019

Artopie, atelier Pers-noces avec Coralie Sanson, 2019

Croquis aux soins intensifs, Eliane Beytrison, croquis, 2019

Croquis aux soins intensifs, Eliane Beytrison, croquis, 2019

Artopie, Pig (Varken), Jorn Leeuwerink, film d’animation, festival Animatou

Artopie, Pig (Varken), Jorn Leeuwerink, film d’animation, festival Animatou

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