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Les espoirs de la recherche

La compréhension des mécanismes de la maladie d’Alzheimer est le premier pas vers la découverte d’un traitement efficace.

Dans le sillage du vieillissement de la population, les malades d’Alzheimer forment un cortège toujours plus nombreux. Vraiment ? Une armée de chercheurs combat avec acharnement cette vision pessimiste de l’avenir.

« On comprend beaucoup mieux cette maladie qu’il y a dix ans. C’est une bonne raison pour garder espoir », rappelle avec optimisme le Pr Giovanni Frisoni, responsable de la consultation mémoire. Aujourd’hui, la grande question qui taraude les scientifiques du monde entier est: quel lien existe-t-il entre les protéines amyloïdes et tau ? Pour comprendre cette question, il faut savoir que la maladie d’Alzheimer se caractérise par deux phénomènes physiologiques simples: l’accumulation anormale de deux protéines dans le cerveau et dans les neurones. L’une d’entre elles forme des amas à l’intérieur des neurones. Elle s’appelle tau, et joue un rôle essentiel pour la stabilité des axones, le prolongement fibreux du neurone qui lui permet de se lier à des congénères éloignés. Chez le sujet sain, les tau, qui se détachent régulièrement, sont remplacées et rapidement dégradées. Chez le sujet malade, elles s’accumulent dans le neurone, bloquent son fonctionnement et finissent par le tuer. L’autre protéine responsable d’Alzheimer forme des amas à l’extérieur des neurones, dans le milieu extracellulaire. Elle porte le nom d’amyloïde bêta 42. Insoluble, elle ne peut pas être dégradée efficacement par les cellules environnantes. Petit à petit, elle forme des plaques, les fameuses plaques séniles qui signent la maladie.

Graal des chercheurs

« Sans plaque d’amyloïdes, pas d’Alzheimer. Mais les protéines tau sont la vraie cause des symptômes de la maladie: troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, etc. L’amyloïde est l’étincelle qui met le feu aux poudres. La tau est l’explosion qui provoque les dégâts. Si nous pouvions découvrir le mécanisme qui les unit, nous pourrions peut-être empêcher l’explosion », s’enthousiasme le Pr Frisoni.

On comprend dès lors que la relation causale entre ces protéines constitue le Graal des chercheurs. En effet, la réponse à cette question contient en germe une stratégie thérapeutique vraiment efficace contre la maladie d’Alzheimer. « Celui qui trouvera ce lien aura en poche un billet pour Stockholm et le prix Nobel de médecine », affirme le Pr Giovanni Frisoni.

connexions neuronales

Modélisation informatique des connexions neuronales.

Alzheimer modélisé

Le centre Campus biotech, à Genève, abrite le Human Brain Project, le plus ambitieux programme de recherche jamais lancé en neurosciences. Objectif (à long terme): élaborer un modèle informatique du cerveau humain. Cet encéphale artificiel pourrait servir à divers projets de recherche et aux tests de médicaments. Le Pr Frisoni est engagé dans cette formidable aventure. « Ma mission consiste à simuler le vieillissement normal, d’un côté, et pathologique, de l’autre, des structures cérébrales et de la connectivité neuronale. Nous devrions ainsi disposer d’un modèle informatique des processus de la maladie d’Alzheimer. Ou plus exactement: des maladies d’Alzheimer. Puisqu’il en existe très probablement des formes différentes. Dès que nous disposerons de ce cerveau en silicone, nous pourrons l’utiliser pour tester virtuellement des médicaments. C’est le principe des tests-crashs, dans le secteur automobile. On regarde ce qui se passe dans une collision avec ou sans ceinture de sécurité par exemple », explique le spécialiste.

Avant cela, il faut mettre en place l’infrastructure informatique nécessaire. « Nous devons relier au Humain Brain Project la plateforme neuGRID, mise au point avec mon ancienne équipe de Brescia (Italie). Celle-ci fournit des dizaines d’algorithmes spécialisés dans l’analyse des structures et des processus cérébraux. Ensuite, nous pourrons débuter l’exploration de toutes les bases de données hospitalières européennes. C’est un travail titanesque. Les premiers résultats ne sont pas attendus avant plusieurs années », avertit le Pr Frisoni.

Plus d'informations sur l'Alzheimer : https://www.hug.ch/info-sante-par-theme/17

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