Texte: 

  • Elisabeth Gordon

Photos: 

  • The Big Fat Boy

Les nouvelles armes contre la migraine

Des médicaments biologiques, commercialisés très récemment, ont bouleversé le traitement de cette maladie.

«Pendant les crises, je ressens une douleur insoutenable dans la tempe. C’est à se taper la tête contre les murs.» Comme Laeticia, plus d’une personne sur dix en Suisse souffre de migraine. Une maladie «invalidante qui se manifeste de façon intermittente», souligne le Pr Andreas Kleinschmidt, médecin-chef du Service de neurologie des HUG.

La migraine provoque périodiquement des crises qui se traduisent par une grande sensibilité à la lumière, des nausées et de sévères maux de tête. «Lorsqu’on est migraineux, c’est pour la vie», constate le neurologue. Toutefois, de nouveaux traitements permettent de soulager considérablement les personnes concernées.

Un médicament spécifique

«La prise en charge de la migraine consiste d’abord à inciter les patients et les patientes à adopter une bonne hygiène de vie, précise le Pr Kleinschmidt. Il est aussi nécessaire d’identifier les facteurs déclencheurs (le stress, la météo, l’alimentation, etc.).»

Ce n’est qu’ensuite qu’interviennent les médicaments. Pour couper la crise, on prescrit des antalgiques (paracétamol, aspirine, etc.). «Souvent, c’est efficace. Sinon, on recourt aux triptans, plus sélectifs.»

À cela s’ajoute le traitement de fond, destiné à diminuer la fréquence et l’intensité des épisodes. «Jusqu’ici, constate le médecin, on utilisait des médicaments issus d’observations fortuites» – comme des antiépileptiques ou des antidépresseurs –, élaborés pour traiter d’autres maladies et qui se sont révélés bénéfiques contre la migraine. Mais tout a changé en 2018, avec la commercialisation du premier représentant d’une famille de médicaments spécifiquement destinés à la maladie : les anti-CGRP. Il s’agit d’anticorps monoclonaux (composants du système immunitaire produits en laboratoire). Ils bloquent l’activité d’une petite protéine, le CGRP, qui, lorsqu’elle est libérée en excès dans le cerveau, favorise la dilatation des vaisseaux des méninges et l’inflammation, à l’origine des migraines. Ces médicaments sont destinés aux personnes qui y sont fréquemment sujettes. Chez certaines d’entre elles, ils les font disparaître. Certes, ces remèdes sont très onéreux, mais ils évitent les nombreux arrêts de travail dus à la maladie qui, eux aussi, ont un coût important.

Une électrode sur le front

Un traitement non médicamenteux a également fait ses preuves : la stimulation électrique transcrânienne. Elle consiste à stimuler le nerf trijumeau (impliqué dans les douleurs migraineuses) à l’aide d’une électrode adhésive placée sur le front et connectée à un petit dispositif, le Cefaly®. Comme les anti-CGRP, cette technique «a l’avantage de provoquer quasiment aucun effet secondaire, constate le Pr Kleinschmidt. C’est une alternative intéressante dont un bon nombre de patients profitent».

Les progrès ne s’arrêtent pas là. Deux nouvelles classes de médicaments oraux ont été récemment autorisées aux États-Unis et pourraient l’être prochainement en Suisse : les ditants, «des triptans modifiés qui ont moins d’effets secondaires que leurs homologues conventionnels», explique le neurologue, et des gepants, «qui agissent sur le même principe que les anti-CGRP». De quoi étendre encore la panoplie des armes disponibles pour lutter contre ces douloureux maux de tête.

Texte: 

  • Elisabeth Gordon

Photos: 

  • The Big Fat Boy
Partager
En savoir plus

Mots clés: 

Autres articles