Baptiste Hurni, conseiller aux États, avocat et fervent défenseur des personnes atteintes dans leur santé, a porté la fusion de l’Organisation suisse des patients (OSP) et de la section romande de la Fédération suisse des patients (FSP). Rencontre.
Pulsations Pour quelles raisons la faîtière romande de la FSP et l’OSP, organisation nationale, ont-elles décidé de se rapprocher pour former la nouvelle OSP ?
Baptiste Hurni Elles sont parties d’un constat simple : elles ne sont pas suffisamment puissantes pour faire entendre leurs voix. L’OSP et la FSP proposaient les mêmes prestations et menaient les mêmes combats. Mais chacune de son côté, sans moyens suffisants. Il est devenu évident que nous devions nous allier, qu’ensemble nous pourrions mieux représenter les intérêts des utilisateurs et utilisatrices du système de santé en Suisse romande.
Cette fusion entre faîtières ne concerne donc pas la Suisse alémanique ?
Pour l’instant, seule la section romande de la FSP a décidé de franchir le pas avec l’OSP et son unique structure nationale. Deux faîtières cohabitent donc toujours outre-Sarine. Mais nous espérons que cela changera à l’avenir, tant il nous paraît essentiel de mutualiser nos forces, pour une meilleure représentation.
Quelles sont vos priorités en tant que président de la branche romande de la nouvelle OSP ?
Notre volonté première est de peser davantage sur les décisions politiques, en participant activement aux débats liés à la santé et aux négociations tarifaires. Des solutions existent et sont sur la table à Berne. Ce qui manque, c’est une majorité pour passer outre les intérêts pécuniaires des lobbies. Je souhaite conduire une organisation forte. Nous devons nous battre pour que les coûts du système de santé soient mieux maîtrisés et, plus largement, que sa structure soit repensée.
Comment allez-vous procéder ?
Actuellement, pour toute question relative à la santé, les hôpitaux, les assurances, les pouvoirs publics… tous se retrouvent toujours autour de la table, mais sans les patients et les patientes ! Par exemple, seule la Commission fédérale pour la qualité (CFQ) compte des représentants et représentantes, mais pas les autres commissions fédérales. De même, à notre connaissance, ce n’est pas non plus le cas pour les conseils d’administration d’hôpitaux publics ou privés. Notre revendication de fond est de placer les patientes et patients au centre du système et des prises de décision.
Quelles sont vos autres priorités ?
Elles concernent d’abord les primes. Ce combat est fondamental, car les Suisses et les Suissesses s’appauvrissent chaque année avec les augmentations des primes LAMal. Un autre volet important pour notre organisation apolitique est la qualité des soins. Enfin, le suivi de l’actualité, aussi bien nationale que cantonale, est pour nous primordial. L’organisation du système de santé, le dossier électronique du patient ainsi que le développement des soins intégrés sont des sujets brûlants, qui peuvent vite évoluer. Nous devons faire entendre les positions des patientes et patients, ce qui passe par des relais forts à Berne, mais aussi au sein des cantons.
Comment les créer ou les consolider ?
Avec une présence accrue dans les différents hémicycles, du temps et des contacts fréquents et réguliers avec l’Office fédéral de la santé publique et d’autres services clés. En parlant au nom d’une seule et même faîtière, comme nous pouvons désormais le faire, nous gagnons en crédibilité et en efficacité.
Vous avez passé cinq ans à la vice-présidence de la FSP, au niveau national. Désormais, vous êtes vice-président de l’OSP et responsable en Suisse romande. Pourquoi un tel engagement ?
Les patientes et patients sont trop souvent les grands oubliés du système de santé. Leur avis ne compte pas, alors qu’elles et ils en sont les principaux bénéficiaires. Cette cause mérite largement d’être défendue et j’agis en ce sens ! En tant que politicien mais aussi, bien sûr, en tant qu’avocat, j’ai toujours eu à cœur de soutenir les plus faibles et de plaider les intérêts des personnes atteintes dans leur santé, au sens large du terme. Car, au-delà de mon investissement dans la faîtière, je suis aussi, par exemple, président de la Croix-Rouge neuchâteloise. Mon engagement de longue date auprès des patientes et patients est pour moi essentiel et totalement porteur de sens.
Baptiste Hurni, conseiller aux États
Texte:
- Clémence Lamirand
Photos:
- Guillaume Perret