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  • André Koller

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L’hypnose entre par la grande porte

Mieux gérer la douleur et l’anxiété associées à la maladie ou aux soins ? C’est possible grâce à l’hypnose médicale, désormais largement promue aux HUG.

L’hypnose… dans un établissement universitaire ? En réalité, longtemps confinée aux scènes de spectacles, elle est aujourd’hui proposée dans de nombreux hôpitaux. Car l’hypno-thérapeute ne fait qu’utiliser une capacité naturelle du cerveau pour induire chez le patient, en état de conscience modifiée, des changements positifs dans ses perceptions.

Les HUG l’avaient introduite dans les années 80 déjà, mais sa pratique était limitée. « Des études récentes ont toutefois montré l’action bien réelle de l’hypnose sur les aires cérébrales de la douleur. Cette validation scientifique change tout. De plus, les patients sont demandeurs. Il est donc nécessaire de former davantage de soignants », explique la Dre Adriana Wolff, hypno-thérapeute et médecin adjointe au service d’anesthésiologie.

C’est l’objectif du Programme hypnose HUG (PHH). Lancé en 2017, il comprend deux niveaux d’enseignement : la communication thérapeutique et l’hypnose clinique hospitalière. « Nous souhaitons former autant de soignants que possible à la communication et le nombre nécessaire à l’hypnose pour couvrir les besoins des patients. Dès son lancement, le PHH a enregistré plus de 2000 inscriptions », s’enthousiasme la Pre Claire-Anne Siegrist. Et de confier : « L’autohypnose est un outil que j’utilise au quotidien. » Cette scientifique reconnue pour ses recherches en vaccinologie a co-initié ce projet avec la Dre Wolff après avoir expérimenté les bienfaits de cette technique dans la gestion de douleurs neuropathiques.

Nombreuses indications

De fait, l’hypnothérapie a fait ses preuves dans de nombreux domaines. Douleurs et angoisse, bien entendu. Mais aussi nausées, vomissements, phobies (piqûre, anesthésie, claustrophobie), acouphènes, dépression, insomnies… « Mobiliser les ressources internes des patients permet souvent de réduire les doses de médicaments », souligne la Dre Wolff.

Un résultat appréciable. Mais concrètement, comment se déroule une séance d’hypnose ? « C’est assez simple. Le thérapeute détermine un objectif avec le patient : diminution de la douleur, de l’anxiété, etc. Puis il induit, par la parole, cet état de dissociation particulier à l’hypnose où l’attention est focalisée ailleurs que sur l’environnement immédiat. Quand le patient a atteint le bon niveau de conscience, le soignant le guide pour l’aider à modifier son approche du problème », explique l’hypnothérapeute.

Communication thérapeutique

Voilà pour l’hypnose. Mais qu’en est-il de la communication thérapeutique ? « Une hospitalisation – du fait de la maladie, de la peur, de la souffrance – entraîne une forte vulnérabilité émotionnelle. Cet état est proche de celui de dissociation induit par l’hypnose. Il rend les gens extrêmement réceptifs et sensibles. Un mot inapproprié peut les blesser. Porter une attention particulière au langage amène une aide supplémentaire dans les relations entre soignants et soignés. Par exemple, si on dit : “Je vais piquer. Mais cela ne fera pas mal.” Le patient entend “piquer” et “mal”. Ces mots créent un contexte inconfortable et augmentent l’anxiété et la douleur. Il vaut mieux évoquer les bénéfices de la perfusion, puis avertir par un “Nous sommes prêts”. La communication thérapeutique, c’est simple. Mais il faut l’apprendre. »

Qualité des relations

« Le Programme hypnose HUG est aligné avec les objectifs stratégiques Vision 20/20. En particulier le projet Patients partenaires. La communication thérapeutique améliore encore la qualité de la relation avec les patients. Quant à l’hypnose, c’est un moyen reconnu et dénué d’effet indésirable pour soulager la douleur, et qui donne aux patients la capacité de mieux la contrôler. Ils sont ainsi davantage acteurs de leur prise en charge. De plus, elle peut être pratiquée par des soignants et des médecins », souligne le Pr Arnaud Perrier, directeur médical des HUG.

En pédiatrie, oncologie, anesthésiologie-soins intensifs ou aux urgences, la formation en communication thérapeutique a été retenue comme indispensable pour tous les collaborateurs médico-soignants.

Le PHH est déployé en partenariat avec l’Institut romand d’hypnose Suisse et cofinancé par les donateurs de la Fondation privée des HUG.

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