Repérer les situations à risque avant même que la maladie ne survienne et activer des stratégies adaptées : cette logique bien connue pour prévenir les maladies cardiovasculaires par exemple se profile désormais aussi pour les démences et pour la maladie d’Alzheimer en particulier.
Laissant présager une véritable révolution dans le domaine de la santé cérébrale, le Centre de la mémoire (lire les chiffres clés ) vient ainsi de lancer un projet pilote en collaboration avec une dizaine de volontaires ne souffrant d’aucun symptôme neurologique. «Notre objectif est de passer au crible la vingtaine de facteurs de risque déjà connus – style de vie, marqueurs génétiques, données d’imagerie cérébrale ou encore analyses sanguines – afin de dresser une échelle de risque. Celle-ci ira de profils “à faible risque” de développer la maladie – pour ces personnes, aucune intervention particulière ne sera requise en dehors de l’hygiène de vie – à des profils dits “à haut risque”, pour qui des mesures précises seront proposées», présente le Pr Giovanni Frisoni, directeur du Centre de la mémoire. Et de préciser : «Nos équipes vont pour cela travailler sur quatre axes : l’évaluation du risque (avec des progrès incessants sur les biomarqueurs de la maladie), la communication du risque (car dans le domaine de la prévention, il ne s’agira pas d’indiquer à une personne qu’elle souffre de la maladie d’Alzheimer, mais qu’elle a une probabilité de la développer), la réduction du risque (par des mesures adaptées et personnalisées) et enfin, l’amélioration des fonctions cérébrales – la stimulation cérébrale non invasive suscite pour cela de vifs espoirs, mais reste à investiguer en détail.»
JEAN-JACQUES, 76 ans
« Chaque jour, me réjouir de quelque chose »
«À l’approche de mes 70 ans, j’ai eu l’impression que ma mémoire commençait à défaillir. Ma mère ayant souffert de la maladie d’Alzheimer, je m’en suis un peu inquiété, alors j’ai consulté le Centre de la mémoire des HUG. Par chance, les tests se sont avérés rassurants : j’ai un trouble de l’attention compliquant la mémorisation de certaines choses, mais rien de plus. Sensibilisé à ces questions, j’ai toutefois accepté de participer à plusieurs études cliniques. Non seulement j’ai trouvé cela très intéressant, mais les médecins ont en plus, à cette occasion, découvert que j’avais certes un taux trop élevé de certains facteurs impliqués dans la maladie d’Alzheimer, mais pas du tout d'autres, cette configuration m’en protégeant a priori. Cette révélation a changé ma vie. Désormais, je ne pense plus à la maladie et je vis plus pleinement que jamais. Ayant croisé la route de la dépression, j’ai fait beaucoup de développement personnel et, aujourd’hui encore, je perfectionne ce qui me fait du bien. Parmi mes "remèdes miracles" : m’appliquer dans ce que j’entreprends, accepter les autres tels qu’ils sont et, chaque jour, me réjouir de quelque chose.»
Dossier Santé cérébrale
- Prendre soin de sa santé cérébrale
- Bienvenue au Centre Synapsy
- Maladie d’Alzheimer : la prévention s’organise
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Bogsch & Bacco / Midjourney