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  • Francesca Secco

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  • Malatavie

MALATAVIE, plus que jamais nécessaire

La pandémie de COVID-19 met en lumière l’importance du travail de prévention du suicide effectué par MALATAVIE. Cette unité de crise, dédiée aux adolescents et adolescentes, a pris en charge    18 000 jeunes depuis 25 ans. Elle est le fruit d’un partenariat entre les HUG et la fondation Children Action.

Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives sur la pandémie de COVID-19, mais en mettant un sérieux coup de frein aux contacts sociaux, le semi-confinement et son cortège de mesures ont certainement impacté la vie des adolescents. Le suicide constitue la première cause de mortalité au sein de cette population, même si le taux a diminué de moitié chez les 11 à 25 ans au cours des trente dernières années. D’où l’importance de continuer des actions de prévention du suicide et de promotion de la santé mentale qui portent leur fruit. D’autant plus dans le contexte pandémique actuel.
Depuis 25 ans, grâce à un partenariat entre les HUG et la fondation Children Action, une structure associant soins et prévention a été créée à Genève pour les adolescents et adolescentes en détresse. Baptisée MALATAVIE, elle propose différentes formes d’accompagnement par une équipe pluridisciplinaire de professionnels de santé.

18 000 jeunes pris en charge

« Faire de la prévention auprès des adolescents est un challenge, car il faut trouver des voies pour atteindre cette population. Au cours des deux dernières décennies, une quantité d’initiatives innovantes ont été menées grâce à ce partenariat, permettant la prise en charge de plus de 18 000 jeunes de 13 à 25 ans en situation de crise », explique la Dre Anne Edan, médecin adjointe responsable de MALATAVIE. Parmi l’une des plus récentes – et qui se poursuit encore : une collaboration avec des youtubeurs et youtubeuses connues qui ont posté des vidéos sur le suicide, en s’attaquant à des mythes tenaces, comme : « Ceux qui parlent de suicide ne passent pas à l’acte. » Résultat : un total de plus de 62 000 vues et 340 commentaires !

Autre projet marquant, en 2000 (réédité en 2014), le Fepalcon, qui ressemble à s’y méprendre à n’importe quelle boîte de médicaments disponible en pharmacie. Distribué à plus de 100 000 exemplaires, il contient une notice commençant par « Si tu ne te sens pas bien » et donne le numéro de téléphone la Ligne Ados de MALATAVIE (022 372 42 42). « Ces boîtes ont rencontré un tel succès qu’on nous les réclame encore aujourd’hui », déclare Stéphanie Kolly, directrice de la fondation Children Action. Ouverte jour et nuit, 7 jours sur 7, la Ligne Ados enregistre plus de mille appels par an – tendance à la hausse. L’appelant ou l’appelante est mise en contact avec un professionnel des soins (psychiatre, psychologue ou infirmier). En cas de besoin, la personne peut être reçue par l’équipe de MALATAVIE et bénéficier d’une prise en charge ambulatoire ou hospitalière. « Avec le temps, le bouche-à-oreille fait son œuvre : nous recevons des appels de jeunes qui ont entendu parler de la hotline par leurs amis », indique la Dre Anne Edan.

Parents partenaires

Les soins ambulatoires comprennent des consultations rapprochées pendant une durée allant jusqu’à douze semaines. L’adolescent ou l’adolescente qui traverse une crise suicidaire peut demander à être hospitalisée dans une unité de soins située à proximité des HUG, dans laquelle six chambres individuelles ont été aménagées. La prise en charge inclut des entretiens avec un psychologue, un médecin ou un infirmier, avec un choix d’activités en groupe (p. ex. conte, écriture, photo) et de thérapies à médiation corporelle, notamment. À noter qu’un soutien est également proposé aux parents, qui sont considérés comme partenaires de la démarche thérapeutique.

Grâce au partenariat avec Children Action toujours, la Maison de l’enfant et de l’adolescent (MEA), actuellement en construction, devrait ouvrir ses portes en 2023. Ce projet, sans équivalent européen, fera converger la médecine de l’adolescent et les soins psychiatriques de l’enfant et de l’adolescent.

Signe de reconnaissance pour les efforts accomplis dans le cadre du partenariat entre les HUG et Children Action : le concept MALATAVIE est en passe de s’exporter dans le canton de Zurich. En effet, des fonds ont été débloqués en vue de sa reprise par une équipe de projet de l’Hôpital universitaire zurichois.

Plus d’infos : https://www.malatavie.ch/
 

Soutien sur mesure

L’équipe de MALATAVIE utilise plusieurs méthodes et outils psychothérapeutiques, en fonction de chaque situation. L’approche qui prévaut est en effet de s’adapter aux besoins du jeune. « En tant que professionnels de la relation d’aide, nous savons ce que nous devons observer et écouter chez un jeune, mais c’est lui l’expert de sa vie. Quand nous recevons un message comme: Vous ne m’avez pas donné la solution, vous m’avez accompagné pour que je puisse trouver la mienne, c’est une grande satisfaction », affirme la Dre Anne Edan.

Stéphanie Kolly, directrice de la Fondation Children Action

Dre Anne Edan, médecin responsable de MALATAVIE unité de crise

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