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  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • Nicolas Righetti | lundi13

« Nous réalisons environ quatre mille inspections par an »

Chimiste cantonal de Genève depuis près de quinze ans, Patrick Edder évoque avec passion les défis de son service, dont les missions mêlent droit, science et pédagogie. Pour notre santé.

Pulsations Le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV), que vous dirigez depuis 2008, relève de la Direction générale de la santé. Quel est son champ d’action?

Patrick Edder En tant qu’organe de contrôle, relevant de la Direction générale de la santé, nous sommes chargés de faire appliquer la Loi fédérale sur les denrées alimentaires et les objets usuels. La pierre angulaire de notre action est la protection de la santé de la population et la lutte contre les tromperies. Nos missions s’appliquent donc d’abord aux entreprises impliquées dans la vente d’aliments ou boissons – depuis les matières premières jusqu’à la remise aux consommateurs et consommatrices, en passant par toutes les étapes de transformation. Quant aux « objets usuels », il s’agit de ceux qui sont susceptibles d’être en contact avec les aliments, la peau ou les muqueuses : emballages, vaisselle, cosmétiques, jouets, textiles, bijoux, etc.

Comment se coordonnent les contrôles sur des terrains aussi différents?

Il convient de distinguer deux domaines : les entreprises et les produits eux-mêmes. Pour les premières, les démarches sont facilitées par des bases légales fixant certaines règles. Par exemple, les contrôles des restaurants se font tous les deux ans, ceux des entreprises chargées de produire de la viande hachée, chaque année, etc. Mais à ces fréquences préétablies s’ajoutent les résultats des inspections précédentes. Ainsi, si des dysfonctionnements ont été repérés, les contrôles suivants se font de façon anticipée. Aujourd’hui, plus de 8 000 entreprises sont soumises à nos contrôles sur le canton et nous réalisons environ 4 000 inspections par an.

Et pour les produits?

Les choses sont plus complexes. Notre travail s’organise sur la base de l’analyse du risque et d’une veille sanitaire et technologique constante. La vigilance est par exemple accrue pour les produits à risque (destinés aux bébés par exemple) ou liés à des nouveautés, comme les aliments végans. Chaque année, près de 8 500 produits passent sous la loupe de nos laboratoires. Et comme entreprises et produits ne connaissent pas les frontières cantonales, une part importante de notre travail repose sur une coordination entre cantons et avec la Confédération.

L’étude menée par l’Association des chimistes cantonaux de Suisse sur les denrées alimentaires contenant du CBD (cannabidiol) découle-t-elle de ces vigilances particulières?

Tout à fait. Chaque année, nous définissons une ou deux campagnes nationales spécifiques à partir desquelles un travail d’investigation approfondi est mené. Pour celle qui a concerné les denrées alimentaires contenant du CBD, les résultats ont en effet été marquants, puisque sur 100 produits analysés, 85 ont été jugés non conformes. Pour un domaine comme celui-ci beaucoup reste à faire, du côté des entreprises impliquées, mais également de la population. Notre mission vise aussi à ce que les consommateurs et consommatrices disposent des informations auxquelles ils et elles ont droit.

Une fois les anomalies constatées, votre service aide-t-il aux mises en conformité?

Non, pas du tout. Notre mission relève du contrôle et de la prise des décisions nécessaires à la sécurité de la population (retrait de produits, fermeture de locaux si besoin, etc.), mais les mises en conformité incombent aux entreprises. Toutes ont par ailleurs un devoir d’autocontrôle permanent sur leurs pratiques. Ainsi, nos inspections portent à la fois sur les conditions d’hygiène et de production, mais aussi sur l’efficience de ces processus essentiels au quotidien.

Concernant les affaires vétérinaires, quels sont les principaux enjeux?

Il s’agit notamment de la lutte contre les épizooties (épidémies animales), du contrôle des abattages et des exigences liées à la protection des animaux et aux réglementations inhérentes à certains chiens.

Dans un domaine aussi large que le vôtre, quels défis vous apparaissent prioritaires aujourd’hui?

Ils sont nombreux… pour n’en citer qu’un, j’évoquerais la flambée des ventes par internet. Elles exposent à des produits de consommation toujours plus variés (par leur nature, leurs processus de fabrication, leurs trajectoires) rendant les contrôles beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre. De vastes réflexions s’imposent.

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