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  • Laetitia Grimaldi

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  • François Wavre | lundi 13

« Optimiser la numérisation du système de santé est primordial »

À la tête de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) depuis 2020, Anne Lévy souligne les performances du système de santé suisse. Mais elle mesure aussi les défis incontournables à relever pour qu’il puisse perdurer et s’améliorer encore.

Pulsations : Lutte contre les pandémies, surveillance des assurances maladie et accidents ou encore élaboration de programmes nationaux en faveur de la santé, les domaines d’activité de l’OFSP sont vastes. Comment résumer sa mission ?
Anne Lévy : Elle repose sur trois axes majeurs : protéger la santé publique, élaborer la politique de la santé et veiller à ce que le système de santé suisse soit performant et financièrement viable. Si ce dernier est aujourd’hui considéré comme excellent, tout l’enjeu est qu’il en soit de même à l’avenir. Pour cela, tout le monde doit tirer à la même corde et dans la même direction, depuis le parlement, qui négocie les règles s’appliquant à toute la Suisse, jusqu’aux cantons et communes assurant l’approvisionnement des soins, en passant par la recherche et le personnel de santé. L’objectif commun est de permettre à toutes et tous de mener une vie aussi saine que possible et d’avoir accès à des soins de qualité.

La pandémie de Covid a-t-elle révélé de nouveaux impératifs ?
Oui, elle a agi comme une loupe et mis en évidence sans ménagement les forces et les faiblesses de notre système de santé. Elle a notamment montré que la Suisse est à la traîne en matière de numérisation. Or celle-ci présente un potentiel inouï, en particulier pour le diagnostic et la recherche. Optimiser la numérisation est donc primordial, même si bien sûr un bon outil ne remplace pas un ou une spécialiste bien formée et capable de l’utiliser de manière adéquate. L’un des problèmes est que les différents systèmes utilisés aujourd’hui ne parlent pas la même langue. Par conséquent, les données de santé doivent souvent être recollectées, ce qui engendre une perte à la fois de temps et, potentiellement, d’informations importantes. Pour y remédier, le Conseil fédéral a adopté le programme DigiSanté en novembre dernier. Celui-ci devrait permettre l’élaboration de normes obligatoires pour tous les acteurs de la santé afin que les différents systèmes soient mieux reliés entre eux.

Le Dossier électronique du patient est-il l’un des outils du changement attendu ?
Absolument. Le bénéfice concerne à la fois les patientes et patients, qui conservent la maîtrise de leurs données de santé, et le personnel de santé. En effet, si toutes les informations importantes sont classées de manière claire et au même endroit, certains examens préalables, parfois refaits inutilement faute de données accessibles, sont alors évités, laissant ainsi plus de temps pour la prise en charge elle-même. À ce propos, j’ai pu récemment visiter les HUG et ai été très impressionnée par la façon dont s’organise la mise en place de la nouvelle plateforme romande du dossier électronique du patient CARA, avec un soutien actif aux personnes concernées et à leurs proches.

Une autre priorité énoncée par l’OFSP est la prévention. Aujourd’hui, plus de 80 % des personnes résidant en Suisse considèrent leur état de santé bon, voire très bon. Dans le même temps, les maladies chroniques et les troubles psychiques, entre autres, sont en augmentation. Quels leviers sont-ils en jeu ?
Le sujet est vaste car de nombreux faits s’entremêlent. Bien entendu, il est important de s’engager pour préserver la santé avant qu’une personne ne soit malade. Et c’est une évidence, un mode de vie sain permet de réduire les risques. Par ailleurs, les maladies chroniques – cardiovasculaires et respiratoires – sont à l’origine de 80 % des coûts de la santé. Or la hausse de ces pathologies vient aussi du fait que notre espérance de vie s’allonge. Agir sur la prévention est donc crucial. Cela commence par nos propres comportements, mais s’applique également à nous en tant que société. Pour l’OFSP, cela implique des mesures de protection de la santé dans des domaines aussi variés que les produits chimiques, la radioprotection, le monde du travail ou encore la législation sur le tabac.

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