Texte: 

  • Elodie Lavigne

Photos: 

  • Julien Gregorio

Pr Jérôme Pugin: «Si nous communiquons bien, nous pouvons aller plus vite»

Trois questions au Pr Jérôme Pugin, chef du Centre de recherche clinique et du Service des soins intensifs aux HUG.

La pandémie de Covid-19 a-t-elle bouleversé les codes en matière de recherche ?
Au printemps 2020, lors de la première vague, les choses se sont déroulées de manière un peu désordonnée, avec un foisonnement d’études et de résultats. Face au besoin urgent de réponses, des auteurs ont publié en passant outre les niveaux de contrôle habituels. Par la suite, un certain nombre d’articles ont dû être retirés, car leur qualité n’était pas suffisante et les résultats n’étaient pas valides. Sous la pression également, des molécules ont été administrées sur la base uniquement d’études fondamentales in vitro, dans lesquelles des effets positifs avaient été démontrés. Heureusement, l’été dernier, de nouvelles recherches ont pu être menées, cette fois sur un grand volume de malades. L’étude britannique Recovery, notamment, a permis de faire la lumière sur l’efficacité, versus l’inefficacité, de plusieurs substances contre le Covid-19.

Comment Genève a-t-elle géré cette pression ?
Nous avons gardé le cap et mis les bouchées doubles. Le Covid-19 a accéléré les temps nécessaires pour passer d’une étape à l’autre des protocoles de recherche. Nous avons simplifié les choses, tout en redoublant de vigilance. Le Centre de recherche clinique et la Commission cantonale d’éthique de la recherche (CCER) ont été très réactifs et très performants. Si nous communiquons bien, nous pouvons aller plus vite.

Quelles leçons tirez-vous de cette année ?
Mes sentiments sont contradictoires. Dans le monde, certains médecins n’ont pas tenu compte des exigences de sécurité propres à une recherche scientifique. Une attitude qui porte préjudice à la communauté scientifique et qui suscite la méfiance du grand public. Nous nous sommes rendu compte de la nécessité de revenir sur le droit chemin. Je retiens par ailleurs une émulation fantastique dans la gestion de la crise sanitaire. Nous avons beaucoup appris: d’un virus, de la contamination, des traitements, etc., mais aussi dans les soins aux patients. La pandémie a fédéré les équipes dans la prise en charge des malades. L’image de la vague résume bien les choses: il y a d’un côté la volonté de surfer sur la vague et de l’autre la prudence pour ne pas tomber.

Le Centre de recherche clinique

Fondé en 2005, le Centre de recherche clinique (CRC) a pour mission de promouvoir la recherche clinique au sein des HUG et de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE). Véritable support pour les chercheurs et les chercheuses, il veille au respect rigoureux des règlements, lois et directives nécessaires à une recherche de qualité, en valorisant l’innovation. Le CRC s’organise en trois unités. L’Unité d’appui méthodologique d’abord, où épidémiologistes et bio-statisticiens offrent un cadre méthodologique ainsi qu’une aide dans le traitement des données des études cliniques et l’analyse des résultats. L’Unité d’investigation clinique fournit quant à elle la logistique et l’infrastructure dédiées à la réalisation des études. Elle dispose de chambres pour les patients et les volontaires sains participant aux études. Des infirmiers et attachés en recherche clinique ainsi qu’un médecin veillent à leur sécurité. Enfin, l’Unité qualité réalise des audits des études cliniques en cours afin d’en assurer le bon fonctionnement. Elle contribue ainsi à l’amélioration de la qualité des essais cliniques et au maintien du niveau d’excellence. Le CRC est financé par les HUG, l’UNIGE et le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI).

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