Texte: 

  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • Helder Oliveira

Prendre soin des étudiants

Pas de médecin attitré, méconnaissance du système de soin, franchises élevées, les étudiants oublient souvent de s’occuper de leur santé. Depuis cinq ans, la Consultation de médecine interne générale leur offre un filet de sécurité adapté à leurs besoins. 

Entre l’adolescence et l’âge où, quelques années plus tard, une certaine routine s’installe, il y a cette tranche de vie tour à tour exaltante et potentiellement angoissante où l’on construit son avenir. Côté santé? Bien souvent, faute de temps, d’argent parfois, le sujet passe au second plan, sauf si un problème survient et ne laisse pas le choix. Pour les mieux lotis, le médecin généraliste sera contacté. Mais pour d’autres, notamment ceux ayant quitté leur canton – ou leur pays – pour les études, les freins sont concrets: pas de médecin attitré, méconnaissance du système de soins, franchises élevées. Cette équation périlleuse a motivé la création en 2016 de la Consultation de médecine interne générale pour les étudiants. Rattachée au Service de médecine de premier recours, elle réunit aujourd’hui trois médecins généralistes.

S’adapter aux spécificités

En pratique, les rendez-vous sont à prendre en ligne, mais un accès se fait aussi parfois par l’intermédiaire de l’Unité santé jeunes ou par le Service des urgences des HUG. Les consultations se veulent adaptées aux spécificités de cette tranche d’âge. Car si, bien sûr, les situations sont individuelles, certains points communs se profilent. Parmi eux: souffrances psychiques, insomnies, troubles du comportement alimentaire, affections gynécologiques, prise de risques par le biais de substances (tabac, alcool, cannabis, etc.) ou de rapports sexuels non protégés. «Si les problématiques de santé ne sont pas les mêmes à 20 et à 50 ans, la façon de les aborder diffère elle aussi. D’abord parce que ces sujets relèvent souvent de l’intime. Mais aussi car certains jeunes n’ont pas vu de médecin depuis le pédiatre de leur enfance. Ce nouveau contexte de soins peut les mettre mal à l’aise, physiquement et psychologiquement. Nous devons tenir compte de tout cela», explique le Dr Stéphane Bernard, chef de clinique et responsable de la consultation.

Pédagogie, écoute, bienveillance

Parmi les outils à disposition? La pédagogie, l’écoute et la bienveillance. «Un climat de confiance et de dialogue est essentiel pour comprendre ce qui se cache derrière certains symptômes. Une crise de palpitations qui conduit un jeune aux urgences, par exemple, masque peut-être une situation de détresse pouvant s’aggraver à plus ou moins long terme, même si le cœur, lui, va très bien. Notre rôle est d’être attentif à ce qui n’est pas dit spontanément, à tenir compte du jeune dans sa globalité et selon ses conditions de vie. L’ensemble du réseau de soins des HUG est ensuite un relais précieux et tout trouvé si besoin», poursuit l’expert.

Faciliter l’accès aux soins

Car l’enjeu est de taille. Incidence sur la qualité de vie, mais également sur les études et, par ricochet, sur l’avenir: les conséquences de problèmes de santé sérieux non pris en charge à 20 ou 25 ans peuvent aller loin… «Une dépression sévère, une addiction ou encore des comportements à risque qui s’installent à ce moment-là de l’existence peuvent dessiner une vie tout autre que celle que l’on aurait voulue. Médicalement parlant, cela peut se mesurer en années de vie en parfaite santé perdues. Un constat d’autant plus rude que l’offre de soins est là et que les jeunes sont très souvent dotés de ressources et d’une capacité de résilience exceptionnelles. D’où l’importance de leur faciliter l’accès aux soins autant que possible», conclut le Dr Bernard.
 

Infos pratiques

La Consultation de médecine interne générale pour les étudiants fonctionne exclusivement sur rendez-Vous.

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  • Laetitia Grimaldi

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