Avant une opération, l’anesthésiste explique avec des mots adaptés à l’âge de l’enfant ce qui va se passer.
En médecine, les enfants ne sont pas des adultes en miniature. C’est particulièrement vrai en anesthésie pédiatrique. La première différence concerne le stade de développement. « On ne parle pas de la même façon à un petit de quatre ans qu’à un adolescent. Lors de la visite préopératoire, nous devons dire à l’enfant ce qui va se passer dans un langage approprié à son âge pour qu’il aborde sereinement la suite », explique la Dre Chantal Mamie, médecin adjointe à l’unité d’anesthésiologie pédiatrique.
Expliquer les risques
Car, effectivement, l’anesthésie fait peur. Peur de l’inconnu, de se retrouver dans une salle d’opération, de quitter ses parents, d’avoir mal au réveil, etc. « L’angoisse est légitime. Nous sommes là pour rassurer, mais aussi pour expliquer les risques et les moyens existants pour les prévenir », relève la Dre Mamie. Et d’adresser un message important aux parents : « Plus vous êtes calme, détendu et confiant, mieux votre enfant vivra son anesthésie. » Reconnaissant par là même une autre spécificité à l’anesthésie pédiatrique – comme à la pédiatrie d’ailleurs : c’est une relation triangulaire entre le médecin, les parents et l’enfant. L’organisme en développement est aussi une particularité à prendre en compte: par exemple, avant un an, les reins et le foie servant à l’élimination des substances sont encore immatures. En termes de risque anesthésique, ce sont aussi les bébés de moins d’un an les plus exposés. « Les complications graves sont très rares. Elles sont d’origine respiratoire, cardiaque ou médicamenteuse », note la spécialiste.
Traiter la douleur
Et la douleur après l’intervention ? « C’est une grande inquiétude des parents. C’est pourquoi nous insistons pour qu’ils nous mentionnent sans tarder si leur enfant a mal, car nous avons une large palette d’antalgiques pour la diminuer », répond la Dre Mamie. Les soignants disposent d’outils pour évaluer la douleur aiguë et en améliorer le suivi. D’un côté, les échelles d’auto-évaluation (visuelle analogique ou des visages) : l’enfant indique l’intensité des douleurs qu’il ressent. De l’autre, les échelles d’hétéro-évaluation, indiquée pour les plus petits (moins de 4 ans) : le soignant évalue la douleur en observant le comportement (expression du visage, plaintes verbales, mouvements, etc.).
Côté traitement, les enfants n’aiment ni avaler des pastilles, ni recevoir des suppositoires et encore moins se faire piquer. Que reste-t-il ? La prescription d’antalgiques par PCA (Patient Controlled Analgesia) utilisant le cathéter intraveineux mis en place pour l’intervention. Les plus de 7 ans gèrent eux-mêmes le débit au moyen d’une pompe en fonction de l’intensité de la douleur. Pour les plus petits, ce sont les parents ou les infirmières qui administrent les doses, on parle alors de PNCA (Parent/Nurse Controlled Analgesia).
Au rang des similitudes avec les adultes, notons le recours aux mêmes produits anesthésiants, aux mêmes techniques (même si l’anesthésie locorégionale est toujours effectuée avec une anesthésie générale chez l’enfant) et le passage en salle de réveil pour la surveillance postopératoire.
Dossier Anesthésie
- L’anesthésie sort des blocs opératoires
- Evaluer les risques opératoires
- L’anesthésiste, spécialiste de la douleur
- Rassurer les petits… et les parents
- Effets de l’anesthésie sur le cerveau
Texte:
- Giuseppe Costa
Photos:
- Pulsations