Depuis près d’un an, des personnes souffrant d’insuffisance rénale et dialysées ont la possibilité de se soigner chez elles. Grâce à l’hémodialyse à domicile, elles gagnent en autonomie et en liberté.
L'hémodialyse à domicile figure désormais parmi les différentes prises en charge proposées par l’Unité dialyse. «Cette technique pour les personnes en insuffisance rénale terminale, qui vise à épurer le sang grâce à une machine jouant le rôle de rein artificiel, n’est pas nouvelle, mais, avec le développement des centres de dialyse, sa version à domicile avait quelque peu été délaissée», introduit le Pr Patrick Saudan, médecin adjoint agrégé du Service de néphrologie et hypertension et responsable de l’Unité dialyse. Un programme récent propose en effet aux personnes qui le souhaitent de réaliser leur dialyse, seules, à leur domicile. Pour cela, l’une des conditions est qu’elles ne rencontrent pas de difficultés avec leur traitement en cours. Elles doivent ensuite participer à une formation sur plusieurs semaines, lors de leurs séances de dialyse.
Sur place, l’une des infirmières de l’équipe transmet les gestes requis et les bons réflexes, autant pour le montage et le démontage de la machine que pour la gestion des liquides (appelés «dialysats») et des «abords vasculaires» (le cathéter ou la fistule permettant de se relier à la machine). «La personne doit aussi veiller aux éventuels problèmes d’hygiène et de contamination et apprendre à garder son calme si une alarme se déclenche. Les problèmes sont très rares, mais il faut savoir comment y faire face», note le néphrologue.
Des séances plus courtes, mais plus fréquentes
Une fois la ou le patient prêt et le matériel installé au domicile, la première séance peut démarrer. Elle se déroule en présence de l’infirmière qui l’a formé. Par la suite, la personne organise les horaires de ses dialyses comme elle le souhaite. «Les séances à domicile sont plus courtes qu’en centre de dialyse et génèrent souvent moins de fatigue, mais elles doivent se faire plus fréquemment, cinq fois par semaine en moyenne, contre trois en centre», décrit Nadège Petitjean, l’une des deux infirmières à l’origine du programme. Avec cette technique, la personne gagne aussi en qualité de vie et en autonomie (lire témoignage). En outre, elle effectue bien moins de trajets domicile-hôpital puisqu’elle ne s’y rend qu’une fois par mois. «Cette séance mensuelle est l’occasion de nous assurer que tout va bien et de faire une évaluation. La personne voit aussi son ou sa médecin», précise l’infirmière.
Reste que s’occuper de ses dialyses à domicile n’est pas toujours simple, notamment sur le plan logistique. «Il faut par exemple avoir suffisamment de place – 6 m2 environ – pour installer la machine elle-même, mais surtout pour le stockage des différents éléments à prévoir comme les dialysats», souligne Nadège Petitjean. Autre impératif : une ou un proche doit être présent dans l’habitation lors des séances.
Malgré ces contraintes, ce traitement individualisé séduit. «De par sa souplesse, il convient bien, par exemple, aux jeunes patients et patientes ayant une activité professionnelle ou à ceux et celles qui habitent loin de l’hôpital», ajoute le Pr Saudan. Trois personnes ont intégré ce programme et plusieurs sont en cours de formation.
Le premier patient du programme témoigne
«En décembre 2024, je commençais le programme dédié à l’hémodialyse à domicile. La formation s’est faite à mon rythme. Je suis ravi d’être passé à ce type de dialyse, qui améliore mon confort et mon moral. En fait, lorsque je devais me rendre au centre trois fois par semaine, je me sentais inutile. Je ne supportais plus la sensation d’être impotent. Avec cette solution, je suis plus acteur dans ma maladie, je me sens actif, je participe, ce qui est pour moi essentiel. Mais il y a évidemment quelques contraintes. Je suis pour ma part très satisfait, mais ma femme, qui doit être présente durant les séances, l’est un peu moins.»
Texte:
- Clémence Lamirand
Photos:
- Nicolas Righetti










