Texte: 

  • Yann Bernardinelli

Photos: 

  • Julien Gregorio

Réduire les coûts des traitements en oncologie

Alors que l’avancée des technologies a entraîné des progrès considérables dans la lutte contre le cancer, les inégalités de prise en charge dans le monde continuent de se creuser. Les HUG mènent plusieurs initiatives pour les réduire.

La recherche sur le cancer, notamment sur l’origine biologique de la maladie, ses causes, le diagnostic et la prévention, fait inexorablement avancer les connaissances et mène à de nouvelles stratégies de traitements. Des progrès impressionnants ont été réalisés ces dernières années avec l’apparition des thérapies ciblées et des immunothérapies. Ces approches souffrent néanmoins d’un même syndrome: elles sont personnalisées et de ce fait, onéreuses. De plus, elles sont prescrites en complément de la chirurgie, de la chimiothérapie et de la radiothérapie, elles-mêmes en pleine progression. Patientes et patients bénéficient désormais d’une prise en charge de meilleure qualité,  plus complexe, mais aussi plus chère. Une situation susceptible de creuser les inégalités. 

Les HUG ont initié des démarches visant à construire un futur où la lutte contre le cancer sera plus égalitaire. Moins connues que les innovations technologiques, mais bien présentes, elles s’efforcent d’élaborer des prises en charge plus à l’écoute et réduire les coûts des traitements.

La juste dose 

Beaucoup peut être fait dans ce domaine. Premièrement, l’utilisation systématique de molécules génériques lorsqu’elles sont disponibles. «Des études sont nécessaires pour savoir si le médicament générique est bien l’équivalent biologique de l’original, les HUG y participent», indique le Pr Nicolas Mach, responsable de l’Unité de recherche clinique, Fondation Dr Henri Dubois-Ferrière Dinu Lipatti des HUG. De plus, la Commission des médicaments, en coordination avec les hôpitaux universitaires romands, effectue des appels d’offres communs auprès des fournisseurs pour abaisser les prix des produits. «Ces démarches ne doivent pas éclipser le fait que nous avons toujours besoin de nouvelles molécules d’avant-garde pour sauver plus de patients», précise-t-il.

D’autres études visent à évaluer la possibilité d’espacer la prise de médicament. «Les posologies sont édictées par les études cliniques initiales. Elles peuvent parfois être réduites. Dans ce cas, des études complémentaires sont nécessaires pour assurer l’efficacité des traitements», reprend Nicolas Mach. Avec des dosages plus faibles, les coûts mais surtout les effets secondaires potentiels se voient souvent significativement amoindris. 

Le patient au cœur de la démarche

L’avancée des technologies offre de multiples possibilités pour traiter un type de tumeur: le choix de l’approche, mais aussi la sélection de la bonne molécule. Le Dr Alfredo Addeo, du Service d’oncologie des HUG, tente de définir des facteurs prédictifs pour déterminer les traitements les plus appropriés: «Comme tous les cancers sont différents, les traitements doivent être personnalisés. Avec une simple prise de sang, on recherche les groupes de patients pour lesquels une immunothérapie serait suffisante, sans chimiothérapie.» La démarche permet de gagner en efficacité, mais aussi de proposer des thérapies moins coûteuses. 

Également dans le but de définir le meilleur traitement, la consultation pluridisciplinaire est devenue aujourd’hui un standard de qualité. Au cours d’un colloque appelé tumor board, elle réunit chirurgiens et chirurgiennes, oncologues, radio-oncologues, mais également pathologues, radiologues et médecins nucléaristes. Ensemble, ce groupe expert analyse les dossiers complexes afin de proposer des stratégies thérapeutiques optimales. «En parallèle, il est important aussi que la personne parle elle-même de son vécu de la maladie et de ses traitements, sans que ses propos ne soient interprétés par un médecin. Le ou la patiente se sent ainsi plus impliquée et vit mieux les traitements», rapporte le Dr Alfredo Addeo. Son équipe de recherche développe actuellement une procédure et des questionnaires numérisés pour améliorer une prise d’information non biaisée auprès du ou de la patiente. 

Activité physique bénéfique

Pour sa part, Thibaud Koessler, également oncologue au Service d’oncologie, mène avec ses collègues une étude visant à mettre en place un programme d’activité physique. «Le mouvement est une thérapie. ll aide à aller mieux physiquement et psychologiquement. Il diminue les symptômes de la maladie ainsi que les effets secondaires des traitements. Les personnes gagnent en autonomie et reprennent plus facilement une place dans la société», se réjouit-il. Avant de conclure: «C’est un programme accessible à tous, pas cher et qui va à l’essentiel». Quoi de plus équitable ?

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