Le Service de néphrologie et hypertension, en collaboration avec celui de transplantation, propose un programme de douze semaines alliant activité physique et groupe de parole pour les personnes en attente d’une greffe de foie ou de rein ou venant d’être transplantées.
Pour les personnes affaiblies par une maladie du rein ou du foie et qui attendent une transplantation ou viennent d’en avoir une, se remettre en forme physiquement est un enjeu majeur. D’où l’idée du programme «Réhabilitation pré et post-transplantation d’organe» des HUG, qui a été lancé à l’automne 2024, grâce au soutien de la Fondation privée des HUG. Il est le fruit d’une collaboration entre le Service de transplantation et celui de néphrologie et hypertension.
Pendant douze semaines, à raison de quatre séances hebdomadaires, les patients et patientes se rendent à l’Hôpital Beau-Séjour afin de se «reconditionner» physiquement. «La plupart de ces personnes sont sous dialyse et donc très fatiguées et affaiblies. Ce n’est malheureusement pas idéal avant une greffe d’organe. L’objectif est de les remettre en mouvement et de les aider à regagner la musculature perdue au fil des années», explique la Dre Anne Dufey Teso, médecin adjointe au Service de néphrologie et hypertension.
Perdre du poids, gagner de la force
Ce qui est valable pour les individus en attente d’une greffe l’est aussi pour celles et ceux qui viennent d’en subir une. «Le déconditionnement physique ne s’inverse pas après une greffe. Et cela, d’autant que les personnes ont tendance à prendre du poids après une transplantation, à cause des traitements ou simplement parce qu’elles retrouvent l’appétit. La majorité des participants et participantes à la première session de l’automne dernier était en surpoids », précise la Dre Dufey Teso. Or perdre des kilos, gagner du muscle et de la force aide à mieux se préparer à une greffe. La Pre Sophie de Seigneux, médecin-cheffe du Service de néphrologie et hypertension, poursuit : «Chaque moment est opportun pour bouger, car le reconditionnement physique diminue aussi les complications opératoires. Un ou une physiothérapeute se déplace également au chevet des personnes durant leur hémodialyse et leur propose des exercices statiques adaptés, à pratiquer pendant les heures qu’elles passent connectées à la machine.»
Bouger et créer des liens
Lors des quatre rencontres hebdomadaires, trois sont dédiées à des activités physiques en groupe sous la supervision d’un ou d’une physiothérapeute, et une est consacrée aux aspects de la vie quotidienne à aborder différemment après une greffe. Parmi eux : la consommation de tabac ou d’alcool, la vaccination, le droit au travail ou encore la prise de médicaments. «Ces groupes permettent aux personnes concernées de créer des liens. Cela améliore l’adhésion aux traitements, mais aussi aux sessions d’activité physique elles-mêmes, l’effort étant alors mieux supporté. Ce programme s’inscrit dans la mouvance actuelle qui considère la prise en charge des patients et patientes globalement et ne s’arrête pas aux traitements médicaux», conclut la Pre de Seigneux.
Témoignage
« Nous avons créé un groupe pour continuer les balades »
En attente d’une greffe de rein, Raphaël* est en dialyse péritonéale (technique d’épuration du sang via le péritoine, la membrane entourant l’abdomen) depuis des années. Le quinquagénaire a fait partie du premier groupe de patients et patientes invitées à participer au programme de reconditionnement physique proposé par les HUG. «C’est sûr que le rythme était soutenu, car trois séances d’activité physique par semaine, c’est épuisant. Les mercredis par exemple, nous faisions deux heures de marche dans la nature. Mais à l’issue des douze semaines, nous avons créé un groupe de messagerie instantanée avec plusieurs des participants et participantes pour continuer les balades. Je trouve dommage que le programme n’ait pas duré plus longtemps, car j'ai créé des liens. Avec les autres malades, nous nous comprenons vraiment, nous vivons les mêmes difficultés familiales, les mêmes peurs concernant la greffe. C’est bénéfique de partager cela.»
* Prénom d’emprunt.
Texte:
- Yseult Théraulaz
Photos:
- Nicolas Schopfer