En pédiatrie, une équipe spécialisée intervient désormais au chevet des plus jeunes pour leur offrir du confort lors de certains examens douloureux ou anxiogènes. Comment ? En associant des approches psychologiques et pharmacologiques.
Les parents d’un enfant effrayé par les soins sont souvent inquiets à l’idée que de simples gestes médicaux ne deviennent pour lui une véritable torture. Pour rendre ces moments moins traumatisants, une équipe dédiée a été mise en place en mai dernier aux HUG. Nommée «Team confort procédural», elle est composée d’une infirmière et d’un infirmier spécialisés ainsi que du Dr Cyril Sahyoun, responsable médical de la «Team confort procédural» de l’Hôpital des enfants et médecin adjoint au Service d’accueil et d’urgences pédiatriques. «C’est en soignant un enfant autiste qui n’avait plus eu de soins depuis dix ans que l’idée de créer une telle consultation a germé. Celle-ci a commencé avec de jeunes patients et patientes en situation de handicap, puis s’est élargie à toutes celles et ceux qui ont besoin de soins potentiellement traumatisants», indique le médecin.
Un environnement serein et des outils spécifiques
L’équipe soignante associe des approches pharmacologiques et psychologiques. «Les enfants autistes, phobiques ou souffrant de maladies chroniques, par exemple, nécessitent plus de temps que d’autres pour les soins. Et plutôt que de recourir à la contention en cas de refus de gestes médicaux, cette consultation dispose d’outils spécifiques. L’enfant est accueilli dans un environnement serein avec des lumières tamisées et de la musique douce. De plus, outre les dispositifs existants à l’hôpital, comme une distraction adaptée à son âge, l’utilisation d’un casque de réalité virtuelle ou le recours à l’hypnose, une sédation peut être proposée. Celle-ci est administrée via un spray nasal ou par la bouche (lire les témoignages). L’enfant se détend et le soin peut alors être réalisé dans les meilleures conditions possibles», explique Audrey Chevalier, infirmière dans cette équipe.
Tout commence quelques jours avant le jour J… «Nous appelons les parents pour leur expliquer la démarche et comprendre la crainte de l’enfant. Cet échange peut aussi se dérouler au cours d’une consultation dite “blanche”», poursuit le Dr Sahyoun. La famille se rend alors à l’hôpital, mais aucun soin n’est prodigué ce jour-là. Cela permet à l’enfant de vivre une expérience hospitalière positive et d’établir un lien avec les équipes sur place. La vraie plus-value de ce programme est de créer ou de rétablir une relation de confiance entre l’enfant et le milieu médical», conclut l’expert.
« J’étais captivé et détendu »
La malformation à la vessie dont souffre Benoît*, 16 ans, lui a imposé un grand nombre d’anesthésies. Pour éviter de retourner une fois de plus au bloc opératoire afin de se voir retirer la sonde spéciale qu’il porte, il a préféré avoir recours à la «Team confort procédural» : «J’ai pris le spray nasal et le gaz hilarant et j’ai écouté l’infirmière me parler d’une plage et de plein d’autres choses apaisantes. J’étais captivé et détendu. J’ai senti la douleur lorsque le chirurgien a enlevé la sonde, mais cela a été bref. Je n’ai passé qu’une heure à l’hôpital !»
Témoignage #2
« J’ai trouvé merveilleux que ce soin puisse se faire avec une telle douceur »
Gabriel*, 3 ans, est né avec une malformation aux reins. Il a subi plusieurs interventions chirurgicales et est régulièrement soumis à des prises de sang. «Ses veines sont difficiles à trouver. Chaque prise de sang nécessite plusieurs tentatives et il se débat», explique son père. En prévision du dernier contrôle, les parents de Gabriel ont pris rendez-vous avec la «Team confort procédural». «Quelques jours avant la prise de sang, nous avons habitué Gabriel à mettre lui-même des gouttes dans son nez, afin de le préparer à ce geste. Le jour J, il a naturellement su le répéter mais, cette fois, les gouttes contenaient un produit sédatif léger. Puis, je me suis couché près de lui dans le lit et il s’est endormi. L’infirmier lui a alors administré du gaz hilarant avant de procéder à la prise de sang. Gabriel s’est à peine réveillé. J’ai trouvé merveilleux que ce soin puisse se faire avec une telle douceur. Quel soulagement», confie son père.
* Prénoms d’emprunt.
Texte:
- Yseult Théraulaz
Photos:
- Julien Gregorio