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Reprendre le contrôle

Le programme Contrepoids aide les jeunes souffrant d’hyperphagie boulimique.

Engloutir de la glace, un paquet de chips et une plaque de chocolat, c’est ce qu’expérimentent certains jeunes souffrant d’excès de poids. Ce besoin irrépressible de manger une grande quantité de nourriture, sans contrôle et en réponse à des émotions négatives, porte un nom: l’hyperphagie boulimique.

Contrairement à la boulimie, ces crises ne sont pas accompagnées d’attitudes compensatoires (vomissements, jeûne, exercice physique excessif, etc.). « Selon les études, jusqu’à 35% des enfants et adolescents obèses souffrent de ce trouble du comportement alimentaire (TCA ) », relève la Dre Catherine Chamay Weber, médecin adjointe à l’unité santé jeunes et au programme de soins Contrepoids.

Il est important de le déceler: « Cela ne sert à rien de donner des conseils comme bouger plus ou manger mieux sans traiter ce trouble », ajoute la pédiatre. Le programme de soins Contrepoids propose d’une part une évaluation complète comprenant le dépistage de l’hyperphagie boulimique et, d’autre part, la mise en place de soins adaptés par une équipe multidisciplinaire spécialisée.

Intégrer la famille

« Il s’agit de déterminer les événements déclencheurs et favorisants du TCA afin que le jeune prenne conscience du problème et de son fonctionnement et investisse la prise en charge pour progressivement reprendre une meilleure gestion de son alimentation en lien avec ses émotions », explique Lydia Lanza, psychologue-psychothérapeute. Autre volet: l’implication de la famille. « Elle est essentielle pour comprendre son rôle dans la dynamique du comportement alimentaire. Et aussi pour permettre un réaménagement des interactions en mobilisant les ressources et les compétences de tous les membres », complète Lily Piaget, psychologue-psychothérapeute.

Le programme de soins Contrepoids propose aussi, en complément, des thérapies intensives en groupe d’une durée de cinq mois qui complètent la prise en charge individuelle. Elles s’adressent aux enfants et adolescents obèses, accompagnés de leurs parents, et abordent notamment les thèmes de l’alimentation, de l’activité physique et des aspects psychologiques. Des séances de sport adaptées sont incluses. « Le programme vise à motiver et soutenir le jeune et sa famille avec plusieurs objectifs: stabiliser le poids pendant la croissance, acquérir de meilleures habitudes de vie, retrouver une estime de soi positive et améliorer la dynamique familiale souvent mise à mal lors de problèmes de poids », résume la Dre Chamay Weber.

Intervention ciblée

Quelque 20% des enfants sont en surpoids en Suisse. Cette proportion est deux à trois fois supérieure dans les populations à faible revenu. Fort de ces constats, l’Hospice général a approché le programme de soins Contrepoids des HUG pour mener des actions auprès de familles bénéficiaires de l’aide sociale.

Dans un premier temps, une campagne d’information sur les bienfaits de l’alimentation équilibrée et de l’activité physique a eu lieu dans les différents Centres d’action sociale. Après cette sensibilisation, une deuxième phase a consisté en une étude durant six mois (octobre 2013 - mars 2014) auprès des familles avec un enfant entre 4 et 12 ans ou un des parents en surcharge pondérale. Ces familles ont été réparties au hasard dans deux groupes. Le premier a suivi un programme d’activité physique (séances avec un moniteur, observation du nombre de pas quotidiens) et d’alimentation (atelier de cuisine) pendant six mois. Le deuxième groupe lui a emboîté le pas un mois plus tard. L’unité d’épidémiologie populationnelle (UEP) a servi de support à cette intervention via son expertise et son unité mobile (Bus Santé). « Nous avons mesuré à trois reprises sur six mois plusieurs paramètres comme la taille, le poids, l’indice de masse corporelle, la pression artérielle afin de les comparer », explique le Dr Idris Guessous, médecin adjoint, responsable de l’UEP du service de médecine de premier recours.

Reste à évaluer les effets de l’intervention dans les deux groupes. Cette interprétation est en cours : les premiers chiffres semblent indiquer un impact sur le poids des parents et de leurs enfants. Si ces résultats sont confirmés, cette stratégie pourrait être développée au-delà de cette expérience pilote.

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