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  • Elisabeth Gordon

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  • Communication in Science

Retrouver l’équilibre grâce à l’implant vestibulaire

Une neuroprothèse va être testée en conditions réelles chez une patiente souffrant de troubles vestibulaires sévères.

Il n’existe pour l’instant aucun traitement pour lutter contre les déficits sévères du système vestibulaire – ce GPS de l’oreille interne qui nous permet de nous déplacer sans perdre l’équilibre. L’implant vestibulaire vise à combler ce manque. Il a été élaboré par l’équipe d’Angelica Perez-Fornos, ingénieure responsable du Centre romand d’implants cochléaires, et du Dr Nils Guinand, médecin adjoint agrégé, responsable de l'Unité d'oto-neurologie. Conçu sur le même principe que l’implant cochléaire (destiné aux individus atteints de surdité), ce dispositif renferme des capteurs fixés sur la tête qui en enregistrent les mouvements. Ces informations, traitées par un processeur et transformées en signaux électriques, sont ensuite transmises, via une antenne, à un appareil implanté. Celui-ci comporte des électrodes insérées dans l’oreille interne, «à proximité des branches des nerfs vestibulaires que l’on souhaite stimuler», explique Angelica Perez-Fornos. Les interventions dans l’oreille interne risquant de provoquer une perte de l’audition, «nous avons décidé d’implanter les électrodes sur des personnes sourdes auxquelles nous posions un implant cochléaire», ajoute l’ingénieure. Pour ce faire, poursuivant le travail du Pr Jean-Philippe Guyot, ancien chef du Service ORL, l’équipe des HUG a élaboré une double prothèse – vestibulaire et cochléaire – qui a été implantée pour la première fois en 2007. Aujourd'hui, quinze patients, à Genève et aux Pays-Bas, ont reçu ce dispositif, élaboré en collaboration avec une entreprise autrichienne et un partenaire académique néerlandais.

Depuis, «nous avons démontré qu’elle restituait la fonction vestibulaire lors de tests de laboratoire», détaille la spécialiste. Cependant, jusqu’ici, l’implant vestibulaire n’avait été activé que pendant des séances de test de quelques heures. Pour mesurer les performances «en conditions réelles», les scientifiques vont inviter cet été une patiente, implantée en 2012, à passer plusieurs jours aux HUG en gardant la double prothèse activée en permanence. Cette première mondiale «nous permettra d’examiner les bénéfices de la neuroprothèse à plus long terme», précise Angelica Perez-Fornos, qui entrevoit une commercialisation «à un horizon de cinq à dix ans».

neuroprothèse

Fixée au-dessus de l'oreille, l'antenne externe renferme des capteurs qui enregistrent les mouvements de la tête (1). Ces informations sont transmises à un appareil implanté dans la tête (2), doté d'un récepteur qui les transforme en signaux électriques envoyés via des électrodes (3) aux nerfs vestibulaires (4). Le cerveau peut alors interpréter ce signal de mouvement.

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