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  • Elodie Lavigne

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  • iStock / Getty Images Plus / Anton Vierietin

Se reconnecter à soi grâce à la physiothérapie

Aussi fréquent que complexe, le mal de dos est aujourd’hui appréhendé de façon nouvelle en partie grâce aux découvertes sur la neurophysiologie du stress et à une meilleure compréhension des mécanismes de la douleur. Le mal de dos est rarement lié à une lésion, mais résulte d’une imbrication de facteurs. «À force de percevoir des "dangers", notre système nerveux autonome crée des signaux physiologiques, dont la douleur, pour nous forcer à changer de comportement», résume Catherine Oberson, physiothérapeute à Promidos, fasciothérapeute et spécialiste en T.R.E.*.

Pour soigner une lombalgie commune, la physiothérapie, prescrite par la ou le médecin, fait souvent partie des traitements de première intention. Aux HUG, cette prise en charge – qui s’adresse avant tout aux personnes avec des douleurs chroniques – ne se résume pas à une remobilisation musculosquelettique, mais consiste en une approche globale. Celle-ci intègre des aspects cognitifs (liés à la pensée), sensoriels (liés à la perception de soi et des signaux corporels) et moteurs (liés au mouvement). «Nous nous intéressons aux représentations qu’ont patientes et patients de leur dos, de leurs douleurs, à leurs peurs, ainsi qu’à leurs perceptions physiques et sensorielles. Nous cherchons également à décrypter le langage du corps et à faire parler les zones silencieuses et non douloureuses», explique la physiothérapeute. Différentes techniques, de toucher notamment, sont employées pour apaiser le système nerveux autonome (hypersensible en cas de douleur chronique) et l’amener vers plus de sécurité intérieure.

Au cours de ce travail, la personne est aussi invitée, pas à pas, à redevenir active physiquement. Il s’agit d’effectuer à nouveau des mouvements de base avec le dos sans que cela ne provoque, dans le corps, des réactions de vigilance excessive, mais au contraire de se mouvoir en toute sérénité. C’est au gré de cette reprise du mouvement que la souplesse, l’équilibre, les appuis, les rotations, la force, etc. sont entraînés, mais sans notion de performance. «C’est une étape très importante, car en renforçant le muscle, nous pouvons réduire l’état inflammatoire et donc diminuer la douleur», conclut Catherine Oberson.

* T.R.E. pour « Trauma releasing exercises » (exercices de libération des tensions).

«Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait»

«J’ai mal au dos depuis mes 16 ans, à la suite d’un accident de snowboard où j’ai eu une vertèbre fissurée. Ces dernières années, à cause du stress et de mon travail, les douleurs se sont aggravées. Lors de vacances à la montagne, j’ai même dû aller à l’hôpital, mais le scanner n’a rien mis en évidence. J’ai fait de la rééducation, passant par des phases d’amélioration et de rechute. Lorsque je décidais d’être actif, les douleurs empiraient, et quand je privilégiais le repos, je devenais dépressif. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Mon médecin traitant m’a finalement adressé aux HUG.

J’ai alors suivi le programme Promidos, qui débute avec différents tests et bilans. La prise en charge, multidisciplinaire, était tout à fait nouvelle pour moi. J’ai pu raconter ma situation en détail et j’ai eu le sentiment d’être vraiment entendu. Les séances d’information sur les mécanismes de la douleur m’ont beaucoup aidé à comprendre ce qui se jouait. Que ce soit le partage au sein du groupe de parole ou la physiothérapie en groupe, menée de façon très ludique, tout a été intéressant et utile. Les personnes qui ont mal au dos voient leur monde se rétrécir. Pouvoir poser des objectifs avec l’ergothérapeute m’a ouvert au monde à nouveau. L’équipe est bienveillante et communique beaucoup, si bien que je n’ai pas été obligé de raconter sans cesse mon histoire.

Aujourd’hui, je vais très bien. Je fais de l’escalade, de la méditation et du yoga, une approche qui me permet d’explorer mon corps grâce aux différentes postures.»

Jasmeer, 36 ans

Catherine-OBERSON

« En renforçant le muscle, nous pouvons diminuer la douleur »
Catherine OBERSON, physiothérapeute à Promidos, fasciothérapeute et spécialiste en T.R.E.*

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