Depuis un peu plus d’un an, une équipe mobile petite enfance se rend à domicile pour assurer le suivi pédopsychiatrique mis en place lorsque les parents ne peuvent plus venir en consultation.
L’Unité de guidance petite enfance propose différentes prestations pour les enfants en âge préscolaire, en cas de troubles spécifiques ou pour un accompagnement parent-enfant lors de situations médicales ou sociales complexes. Elle est composée de pédopsychiatres, psychologues, infirmiers, infirmières, éducateurs, éducatrices, logopédistes, psychomotriciens, psychomotriciennes, ainsi que d’assistants et assistantes sociales. La plupart des consultations ont lieu au sein du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SPEA). Mais dans certaines situations, les parents ne peuvent plus se rendre au lieu de consultation, ce qui met un frein au suivi. Depuis septembre 2024, grâce à une mission d’intérêt général (MIG) du canton de Genève, une unité mobile se déplace à domicile. «Ce service n’est pas proposé en première intention, mais lorsque la famille n’est plus en mesure de faire le suivi ambulatoire habituel. Un binôme, composé par exemple d’un ou d’une psychologue et d’un ou d’une psychomotricienne ou logopédiste, se rend alors chez elle», explique la Dre Maeva Pellet, cheffe de clinique en pédopsychiatrie et responsable de l’équipe mobile petite enfance du SPEA.
Situations personnelles délicates
Ces consultations hors les murs répondent à un besoin de familles qui sont souvent dans une situation, personnelle ou de santé, délicate. «La précarité sociale ou une naissance récente rendent parfois les trajets jusqu’à l’hôpital compliqués. Certains parents sont anxieux en milieu hospitalier. Par ailleurs, les séances à la maison se font dans un cadre plus souple qui met souvent à l’aise la famille», poursuit la Dre Pellet. Louise Piron en sait quelque chose. La psychomotricienne fait partie de l’Unité mobile petite enfance et constate : «Observer l’enfant là où il vit permet parfois un travail plus efficace avec lui et ses proches. Il évolue en effet différemment dans un endroit où il se sent en sécurité que dans un cabinet de consultation. Je peux aussi impliquer la famille et proposer des activités en lien avec la maison, les objets qui s’y trouvent notamment.» Selon les besoins, Louise Piron et ses collègues n’hésitent pas à proposer une séance à l’extérieur, dans un parc situé à proximité, par exemple. Mais le but est de ne pas interrompre le suivi habituel : une fois que la situation le permet, l’objectif est que la famille réintègre le réseau de soins et les consultations au SPEA.

Illustration de Léo*, 4 ans, avec Louise Piron, psychomotricienne au sein de l’Unité mobile petite enfance. Le jeune garçon présente : «Moi, ma soeur et ma maman dans notre maison, avec la pâte à modeler et les bulles.»
« La présence de l’équipe mobile à la maison est précieuse »
Pour Léonore*, mère de jumeaux de 3 ans et demi, l’Unité mobile a commencé à se rendre chez elle lorsque sa santé s’est dégradée. «J’ai été opérée récemment et je ne peux plus me déplacer aux rendez-vous de suivi des garçons auxquels j’allais régulièrement. Ce sont des prématurés et ils ont besoin de séances de logopédie, car ils ont un retard de langage. La présence de l’équipe mobile à la maison est précieuse. Les enfants sont plus posés et à l’écoute lorsque la logopédiste et la psychologue sont là. Ils ont réalisé énormément de progrès.»
Témoignage #2
« Après ma séparation, je ne pouvais plus me déplacer avec les jumeaux »
Paola* est maman de jumeaux, un garçon et une fille, qui ont aujourd’hui 2 ans. La guidance proposée par les HUG s’est mise en place en ambulatoire dès leur naissance pour l’aider dans son rôle de maman. Très vite, elle s’est séparée du père. Se retrouvant seule avec les enfants, ne parlant pas français et n’ayant pas de soutien à proximité, elle a dû partir vivre en foyer. Elle ne parvenait alors plus à honorer les rendez-vous au SPEA. Depuis six mois, l’équipe mobile se rend donc au foyer dans lequel vit le trio. «Elle m’aide énormément, c’est un soutien émotionnel autant pour moi que pour mes enfants. Je me sens comprise et guidée en tant que maman et je réalise que, malgré ce contexte difficile, ils grandissent bien.» Aujourd’hui, la situation de Paola s’est apaisée et elle devrait pouvoir revenir en consultation au SPEA pour le suivi de ses enfants.
* Prénoms d’emprunt
Texte:
- Yseult Théraulaz
Photos:
- Pulsations