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  • Anne-Marie Trabichet

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  • Bogsch&Bacco

Stéatose hépatique : une maladie sournoise, mais réversible

Étroitement liée à l'hygiène de vie, la stéatose hépatique affecte le foie en silence. Potentiellement grave, elle est réversible si elle est détectée et prise en charge à un stade précoce.

Son nom est compliqué et peu connu, mais elle est très fréquente. La stéatose hépatique liée au syndrome métabolique, aussi appelée «maladie du foie gras» ou «maladie du soda», est une pathologie en apparence bénigne. Il n’en est rien : décelée à un stade tardif, elle peut évoluer en cirrhose ou en cancer du foie. Or, entre 20 et 25% de la population suisse adulte serait touchée par cette maladie, évoluant de la stéatose simple à la fibrose du foie, souvent sans le savoir. Une prévalence très importante qui en fait une bombe à retardement et rend sa détection précoce essentielle. Un fait majeur puisque, prise en charge suffisamment tôt, la maladie peut être réversible.

Le problème, c'est qu’elle est silencieuse, sans symptômes ou presque. «Le foie est comme un ami très gentil qui ne dit rien jusqu’à ce qu’il soit très malade», explique le Dr Nicolas Goossens, médecin adjoint agrégé au Service de gastro-entérologie et hépatologie. Heureusement, les facteurs de risque, bien connus (surpoids, diabète, consommation excessive d’alcool, alimentation trop grasse ou trop sucrée), permettent de mettre en place des stratégies de prévention ciblées. Quant au dépistage, il repose sur deux tests indolores et rapides : une échographie du foie et un fibroscan qui mesure la rigidité (ou dureté) de l’organe grâce à des ondes de vibration.

Dépistage aux HUG

Si la stéatose hépatique est aussi appelée «maladie du foie gras», c’est parce qu’elle est bel et bien causée par l’accumulation de gras au niveau des cellules du foie. «La majorité des facteurs de risque relèvent de l’hygiène de vie. Ce sont donc des facteurs dits “modifiables”, mais sur lesquels il est toutefois difficile d’agir, car ils vont de pair avec notre mode de vie occidental», constate le Dr Goossens. Tout ne repose donc pas sur l’individu, mais il peut néanmoins agir sur le cours de la maladie en commençant par s’assurer, avec son médecin, de son dépistage le plus tôt possible.

En février dernier, les personnes concernées par les facteurs de risque les plus courants (le diabète et le surpoids) ont été invitées à s’inscrire en ligne pour un dépistage aux HUG. «Nous avions 50 places à disposition, mais nous avons dû refuser du monde. Cet intérêt nous a surpris, mais il démontre qu’il commence à y avoir une prise de conscience sur les liens entre diabète, surpoids et maladie du foie», raconte l’expert. Sur les 46 personnes finalement dépistées, 74% présentaient au moins une stéatose hépatique et 6,5% avaient déjà une fibrose, qui est une inflammation et une lésion du foie, l’une des premières complications de la maladie.

Des conséquences sur la vie de tous les jours

Une fois que la stéatose hépatique est détectée, la prise en charge implique principalement une perte de poids, qui passe par un changement d’alimentation, la pratique d’une activité physique et une diminution de la consommation d’alcool. Valérie, 46 ans, est suivie aux HUG depuis 2015 pour une stéatose qui a rapidement évolué en fibrose, puis en cirrhose. Elle ressent au quotidien l’impact de la maladie et du changement de style de vie qui l’accompagne. «Il faut réapprendre à manger. Mon foie ne peut pas se permettre la même chose que celui de la plupart des gens. Le plus handicapant, c’est la fatigue : il y a des périodes où je n’ai plus assez d’énergie pour ma famille. J’ai dû baisser mon taux d'activité et réduire ma vie sociale. J’aimerais beaucoup qu’il existe des groupes de parole pour les personnes touchées par cette maladie.»

Qu’est-ce que le syndrome métabolique ?

Le syndrome métabolique réunit plusieurs maladies ou troubles touchant le métabolisme des graisses et des sucres : l’obésité (en particulier l’accumulation de graisse abdominale), le diabète de type 2, l'hypertension artérielle, l’hyperglycémie (excès de sucre dans le sang) et l’hypercholestérolémie (excès de cholestérol). Cumulées, elles constituent un facteur de risque pour d’autres maladies, telles que la stéatose hépatique ou les maladies cardiovasculaires.

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