Texte: 

  • Aude Raimondi

Photos: 

  • Nicolas Schpofer

« J’assume mes cicatrices, je les trouve belles »

Nathalie Egault s’est battue contre un cancer du sein hormonodépendant très agressif. Malgré les effets secondaires des traitements, elle sort renforcée de cette lutte contre la maladie.

Tout juste rentrée de vacances, Nathalie affiche un superbe teint hâlé. C’est le visage serein qu’elle revient sur les épreuves traversées au cours de ces derniers mois. En 2017, deux cancers lui ont été diagnostiqués au même moment. « Depuis quelque temps, je souffrais d’une douleur à la poitrine, explique-t-elle. Les médecins ont alors découvert une tumeur sur mon muscle pectoral, sous le sein. Sur l’IRM (imagerie par résonance magnétique), ils ont également identifié une deuxième tumeur, moins agressive, qui affectait mon autre sein. » S’ensuivent alors des mois de chimiothérapie, puis une opération et une reconstruction mammaire. « Durant toute cette période, j’ai gardé le moral. J’avais la pêche et je faisais une confiance totale au Centre du sein, qui m’a vraiment bien prise en charge. »

Au même moment, la voisine de Nathalie tombe aussi malade. C’est donc ensemble qu’elles se serrent les coudes pour affronter l’épreuve. « Finalement, c’est pour ma fille, alors âgée de 18 ans, que ça a été le plus compliqué, témoigne Nathalie. Je crois qu’elle a eu très peur. Elle est restée dans le déni pendant plusieurs mois. De mon côté, j’ai essayé de la préserver au maximum. » Pleine de rage de vivre, la quadragénaire continue alors de sortir, se maquiller, prendre soin d’elle et même travailler à un petit pourcentage. « Mes employeurs ont été formidables. Ils m’ont beaucoup soutenue et ont accepté d’aménager mes horaires. Pouvoir rester active m’a vraiment aidée à avancer. » 

Ménopause avant l’heure

Aujourd’hui, Nathalie est en rémission partielle. Elle a augmenté son temps de travail, voyage, sort avec ses amis. Elle assure pourtant que l’étape la plus difficile, c’est maintenant. « On ne parle pas assez des effets secondaires de l’hormonothérapie, appuie-t-elle. Ils peuvent pourtant être très violents. J’ai des problèmes de concentration et de mémoire, des vives douleurs aux articulations, des insomnies… L’hormonothérapie provoque une sorte de ménopause précoce. On a soudain l’impression de se retrouver dans le corps d’une personne âgée. Et pour moi, ces effets secondaires sont plus difficiles à vivre que ceux de la chimiothérapie. »

Malgré tout, Nathalie accepte son corps, sur lequel elle pose un regard bienveillant.           « Dès qu’il en a été question, j’ai tout de suite accepté la mastectomie. Je voyais le cancer comme une espèce de tique qui me rongeait et je n’avais qu’une envie : qu’on me l’enlève. Je suis impressionnée par le résultat de la reconstruction mammaire, c’est très bien fait. Je trouve que mes cicatrices sont belles. » 

(Re)découvrir le monde

Forte de toutes ces épreuves, Nathalie n’est désormais plus vraiment la même. « Ce cancer a été comme une grosse claque qui m’a, en quelque sorte, permis de me recentrer. Je suis devenue beaucoup plus patiente et moins maniaque. En somme, une personne plus cool ! » Elle aspire aujourd’hui à voyager, apprécier les petits bonheurs de la vie, profiter de ses amis, et surtout passer du temps avec sa fille. « Je lui ai toujours promis qu’on allait y arriver, et nous y sommes arrivées ! » conclut Nathalie, une lueur de fierté dans le regard.
 

70 à 80 %

des cancers du sein sont hormonodépendants

Cancer hormonodépendant (hormonosensible) :

Le développement de cellules cancéreuses est stimulé par des hormones. C’est le cas de la plupart des cancers de la prostate et de certains cancers du sein. Quand l’hormone se fixe aux cellules cancéreuses, elle a tendance à stimuler leur multiplication. Un traitement médicamenteux antihormonal (appelé aussi hormonothérapie) est alors prescrit pour supprimer la production des hormones ou bloquer leur action.

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  • Aude Raimondi

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