Texte: 

  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • JD Junod

Un infirmier des HUG de retour d’une terre dévastée

Contacté le 6 février, quelques heures après le séisme qui a ravagé les terres turques et syriennes, Jean-Daniel Junod, infirmier anesthésiste aux HUG, a fait partie de la première équipe de Swiss Rescue – Chaîne suisse de sauvetage – envoyée sur place.

Il est 11h ce lundi 6 février quand Jean-Daniel Junod, infirmier anesthésiste aux HUG depuis près de trente ans, reçoit un appel du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA) de la Direction du développement et de la coopération (DDC), qu’il connaît parfaitement. Et pour cause, l’infirmier genevois multiplie les engagements sur le terrain depuis plusieurs années, tant dans le cadre des accords liant les HUG et la DDC pour des missions humanitaires que sur son temps personnel. La mission qui lui est alors assignée : s’envoler pour Antioche, l’une des villes turques les plus violemment frappées par le séisme qui vient de survenir, pour y diriger l’équipe médicale de Swiss Rescue – Chaîne suisse de sauvetage. Le reste de l’équipe compte trois ambulanciers, une infirmière-anesthésiste et deux chirurgiens.

Autorisation de départ en 15 minutes

Ce jour-là, face à des images qui ne laissent que peu de doute sur l’ampleur de la catastrophe, Jean-Daniel Junod, alors en congé, a déjà prévenu son service d’un possible départ imminent et discuté de la situation avec le Dr Olivier Hagon, médecin adjoint du Service de médecine tropicale et humanitaire des HUG et lui-même chef du « Groupe Spécialisé Santé » du CSA. Ainsi, quand la demande officielle de départ lui parvient, tous les feux passent au vert en accéléré : « J’ai obtenu l’autorisation des HUG en 15 minutes et, moins d’une heure plus tard, je filais à l’aéroport », résume l’infirmier anesthésiste. Dans ses bagages, le strict minimum : des vêtements chauds pour affronter les nuits glaciales sous tente et des vivres pour plusieurs jours, la consigne étant de ne pas dépendre des ressources mises à mal sur place.

À l’arrivée, le ton est donné dès l’aéroport, l’étendue du drame se lit sur les visages, tandis que les aides humanitaires arrivent de toutes parts, coordonnées par l’Organisation des Nations unies. Rapidement, l’équipe suisse prend ses marques, est rejointe par l’Unité de sauvetage de la DDC et se coordonne avec les autorités locales avant d’établir un campement à distance raisonnable des risques d’effondrement. L’équipe compte alors près de 80 experts et expertes en détection de victimes grâce à des chiens sauveteurs et des technologies de pointe alliant notamment matériel acoustique et caméras.

Des moments de grâce dans un drame absolu

Aux premières heures du jour, les équipes sont à l’œuvre. « Aucune image défilant sur nos écrans ne peut décrire ce que nous découvrons… Des souvenirs effroyables me sont alors revenus, ceux du désastre ultime auquel j’avais assisté en 2010, en Haïti, suite au séisme qui avait dévasté le pays. Ce 7 février, à Antioche, ville détruite à 90 %, nous n’étions pas loin de ces scènes d’effroi. Mais très vite, le climat d’urgence et les appels à l’aide des personnes sous les décombres nous ramènent à la réalité et à notre mission », décrit Jean-Daniel Junod. Et d’ajouter : « C’est ce devoir d’agir et ce mandat clair qui nous ancrent dans le présent et nous sauvent d’un possible état de sidération. »

Dès lors, et pendant une semaine, l’équipe médicale va travailler sans relâche pour assurer l’aide médicale d’urgence tant aux victimes extraites des ruines qu’aux équipes de sauvetage elles-mêmes. « On y pense peu, mais leur travail est extrêmement dangereux et expose à de nombreux périls et blessures », rappelle l’infirmier. Le reste, bien sûr, ce sont les sauvetages. « Je n’oublierai jamais cette maman sortie des décombres avec son bébé de six mois ou ce jeune homme extrait dans des circonstances dramatiques tandis que sa famille attendait au bord des ruines. Ces vies sauvées sont des moments de grâce, mais forcément assombris par le climat de drame absolu dans lequel ils s’inscrivent », confie l’infirmier.

Puis est venue la seconde partie du mandat de l’infirmier : faire un état des lieux des structures médicales ayant résisté au séisme et pouvant bénéficier d’une aide humanitaire sur le plus long terme. La maternité-pédiatrie Mozaik a ainsi pu être identifiée et accueille aujourd’hui plusieurs soignants et soignantes – personnel infirmier, sages-femmes, urgentistes, gynécologues, pédiatres –, des HUG et d’ailleurs.

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S’inscrivant dans la tradition de la Genève internationale, les HUG s’engagent depuis plus de 40 ans dans des partenariats humanitaires et dans la coopération internationale ainsi que dans l’aide au développement. 

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