Texte: 

  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • Bogsch & Bacco

Une parenthèse pour soi et son cœur

Inaugurée en novembre dernier, l’Unité de réadaptation stationnaire en cardiologie de l’Hôpital Beau-Séjour propose une prise en charge globale après un incident cardiaque sévère.

Pour l’heure, ce ne sont que six à huit lits, mais l’ambition est grande pour cette structure inédite dans le canton de Genève. Fruit d’une collaboration entre les Services de médecine interne et de réadaptation, cardiologie et chirurgie cardiovasculaire, l’Unité de réadaptation stationnaire en cardiologie de l’Hôpital Beau-Séjour est destinée aux patients sortant d’une atteinte cardiaque majeure – infarctus du myocarde, chirurgie cardiaque ou encore hospitalisation pour insuffisance cardiaque. L’idée: offrir, durant trois à quatre semaines, une prise en charge à 360°, individualisée, associant soins médicaux, activité physique adaptée, aide à l’arrêt du tabac, ateliers de diététique et de gestion du stress (hypnose par exemple).

Les conditions clés ? «Une maladie cardiaque stabilisée et une grande motivation à repenser son hygiène de vie», indique la Dre Elena Tessitore, cheffe de clinique au Service de cardiologie et cardiologue de référence au sein de cette unité. Et pour cause : «Un incident cardiaque peut être le fruit d’une prédisposition génétique, c’est certain. Mais le plus souvent, il résulte d’un contexte de vie qui use inlassablement le cœur (hypertension artérielle, stress, excès de poids, tabagisme, diabète, hypercholestérolémie ou encore sédentarité)», souligne la spécialiste. Avant d’ajouter : «Après une alerte cardiaque, la tentation est grande de reprendre sa vie sans rien changer.»

Malheureusement, notre cœur ne voit pas les choses ainsi. «On sait que le taux de récidive est élevé si les facteurs de risque cardiovasculaire ne sont pas pris en main et corrigés. La réadaptation cardiaque répond à ce besoin, et c’est ce qui a motivé ce vaste projet, tous les patients ne pouvant suivre facilement un programme ambulatoire», indique la Dre Eliana Hanna, médecin adjointe au Service de médecine interne et de réadaptation.

Changer de vie prend du temps

Programme clé, la réhabilitation cardiaque se dessine en trois phases. La première (phase I) est la mobilisation précoce. Proposée aux soins aigus, elle permet de remobiliser progressivement l’organisme. La deuxième (phase II) est le cœur de la réadaptation cardiaque. Conseillée sur quatre à six semaines pour repenser l’hygiène de vie et adapter au mieux les efforts physiques, elle se décline en version «ambulatoire» ou «stationnaire». Quant à la troisième (phase III), la réhabilitation dite «au long cours», elle ambitionne de consolider les efforts, notamment en termes d’activité physique.

Si le tableau semble parfaitement codifié, la réalité s’en éloigne : «En Suisse, il est estimé que seuls 50% des patients participent à la phase II et, selon une étude menée aux HUG, moins de 5% de ces personnes poursuivent ensuite la phase III. Or, on sait qu’après un infarctus du myocarde, la réadaptation cardiaque permet de réduire la mortalité cardiovasculaire de 25% à 5 ans et les bénéfices se prolongent dans le temps. Mais il faut s’y astreindre et changer de vie prend du temps», relaye la Dre Tessitore. C’est ce qui a motivé la création de cette nouvelle unité. «À terme, nous espérons l’ouverture de 24 à 25 lits, ce qui nous permettra d’accueillir 250 patients en moyenne chaque année», se réjouit la Dre Hanna.

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