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  • Clémentine Fitaire

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  • Adobestock

Vivre le temps de la ménopause

Cette étape de la vie des femmes correspond à l’arrêt de la fonction ovulatoire et des règles. Quelques conseils pour traverser sereinement cette période délicate de la vie d’une femme.

Extrêmement variables en intensité et en ressenti, les symptômes de la ménopause débutent souvent plusieurs années avant celle-ci. Cela correspond à la «périménopause», une période qui court sur les sept années précédant l’arrêt définitif de la sécrétion des hormones sexuelles par l’ovaire. Environ 30 % des femmes perçoivent durant cette période des symptômes modérés à sévères. « Le plus dur pour moi a été les bouffées de chaleur, en particulier la nuit. J’avais vraiment la sensation qu’une vague de chaud m’envahissait, montant du bas du corps jusqu’en haut », confie Géraldine, 53 ans. Avec les troubles du cycle, ces sensations de chaleur sont en effet les signes physiologiques les plus fréquents.

D’autres effets moins spécifiques de la ménopause, tels qu’une fatigue importante, des troubles du sommeil, une humeur dépressive, une irritabilité, etc., sont aussi souvent évoqués. « La difficulté de ces effets est leur origine, qui peut être multifactorielle. Il est important de définir s’ils sont directement liés à la ménopause ou à d’autres paramètres, comme le contexte social, la représentation du vieillissement, le stress, etc., pour mieux les traiter », explique la Dre Isabelle Streuli, médecin adjointe agrégée responsable de l’Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie gynécologique.

Penser à la phytothérapie

En présence de symptômes légers, les médecines complémentaires peuvent avoir de bons résultats. Une complémentation à base d’actée à grappes (ou cimicifuga), aujourd’hui prise en charge par les assurances, est le traitement par excellence des troubles de la ménopause. Cela aide à lutter contre les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. L’acupuncture peut également venir en soutien de l’organisme face à ces symptômes.

Pour les troubles de la sexualité, comme la sécheresse vaginale, les gynécologues conseillent généralement des crèmes ou ovules à base d’œstrogènes dont les effets sont limités à la zone d’application.

Durant la ménopause, un changement de la répartition de la graisse est également observé. Le surplus gynoïde (spécifique aux femmes), localisé au niveau des seins et des hanches, tend à disparaître pour laisser la place à la graisse dite « androïde », située autour de la taille. Pour contrebalancer la prise de poids, il est important de pratiquer une activité physique régulière et d’adopter une alimentation pauvre en sucres rapides et en graisses.

Le traitement hormonal dans les cas les plus sévères

Lorsque la qualité de vie est durablement impactée, des traitements hormonaux peuvent être envisagés. Ils remplacent les deux hormones (œstrogène et progestérone) dont la production naturelle a cessé et sont très efficaces contre différents symptômes. Mais leur utilisation doit être évaluée au cas par cas, en tenant compte du vécu et des attentes des patientes. En effet, il est désormais établi qu’ils sont susceptibles d’augmenter le risque de cancer du sein ou de maladies cardiovasculaires chez les femmes à risque. « Avant de prescrire ces médicaments, nous évaluons les facteurs de risque individuels ainsi que la sévérité des symptômes. Le traitement est initié dans les dix ans qui suivent la ménopause ou avant l’âge de 60 ans, période durant laquelle la balance bénéfice-risque est la plus favorable », souligne la Dre Streuli.

Oser en parler

Le risque de dépression est deux à quatre fois plus élevé chez les femmes durant la périménopause. Période de grande vulnérabilité psychologique, cette transition est une réalité encore mal connue des hommes, mais aussi des femmes elles-mêmes, à laquelle s’ajoutent le culte du « jeunisme » et le regard négatif porté par la société sur les femmes vieillissantes. « Il faut accepter que cela est inéluctable. C’est un chemin de deuil à faire, celui de la procréation, celui de la jeunesse », confie Géraldine, qui a connu une grande perte de confiance en elle durant cette période.

Dans les cas les plus sévères, une psychothérapie couplée à des antidépresseurs peut être proposée. Libérer la parole et discuter entre paires peut également permettre de recueillir des conseils pour passer le cap. Diana, 50 ans, qui participe aux séances d’information proposées aux HUG*, témoigne : « Quand j’ai commencé à sentir mon corps changer, j’ai voulu obtenir des solutions pour mieux vivre ces premiers signes. Ces échanges m’ont apporté des informations précieuses que je n’avais pas trouvées ailleurs.»

* Des séances d’information sur la ménopause destinées aux femmes sont proposées par l’Unité de médecine de la reproduction et d’endocrinologie gynécologique. Informations et inscription ici.

Périménopause ne veut pas dire infertilité

 

La baisse de fertilité est un processus continu qui débute bien avant la ménopause. Mais même s’il est diminué, le risque de grossesse n’est pas nul durant la périménopause, y compris lorsque les cycles sont irréguliers. « De nombreuses grossesses, au-delà de 40 ans, aboutissent à une interruption de grossesse (IVG). Tant qu’elle n’est pas ménopausée, la femme devrait utiliser une contraception », rappelle la Dre Isabelle Streuli, médecin adjointe agrégée responsable de l’Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie gynécologique.

51 ans

Âge moyen de la ménopause. Elle peut toutefois débuter précocement (dès 40 ans) ou tardivement (après 55 ans).

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