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  • Yseult Théraulaz

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Vivre sa sexualité avec le VIH

En mars 2021, les HUG ont ouvert une nouvelle consultation, menée par une psychologue spécialisée en médecine sexuelle, pour répondre aux besoins des personnes séropositives.

Est-il possible d’avoir une vie sexuelle épanouissante en étant porteur ou porteuse du virus du SIDA ? Oui, car les personnes infectées par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) qui prennent de manière assidue leur traitement deviennent indétectables. En d’autres termes, le virus ne peut plus contaminer autrui. Il n’est pourtant pas simple d’avoir des rapports sexuels le cœur léger tout en se sachant séropositif ou séropositive. « Nous avons mené une étude sur les besoins des soignants et des patients porteurs du VIH en lien avec la sexualité, grâce au soutien de la Fondation privée des HUG. Les résultats ont montré l’importance d’une consultation dédiée pour répondre aux nombreuses questions et craintes de nos patients », explique Mylène Bolmont, docteure en psychologie à la consultation de gynécologie psychosomatique et médecine sexuelle.

Ainsi, depuis mars 2021, cette consultation spécialisée est ouverte une après-midi par semaine et répond aux questions de celles et ceux qui souhaitent s’y rendre. La majorité des personnes qui consultent sont des hommes. « Les sujets abordés sont très variés. Ils ne tournent pas forcément autour de la maladie, mais peuvent concerner aussi bien des troubles de l’érection, des questions sur la normalité de certaines pratiques sexuelles ou encore des interrogations sur la façon d’annoncer sa séropositivité à son partenaire. On parle autant d’amour que de couple et même de philosophie », confie la psychologue. Et la spécialiste de poursuivre : « Parfois, les blocages sexuels proviennent du partenaire de vie de la personne séropositive. Être en couple aide toutefois énormément les patients à digérer la mauvaise nouvelle. Quant aux célibataires, ils craignent souvent d’être rejetés. »

Mylène Bolmont insiste sur le fait qu’il n’y a pas de solution qui convienne à tout le monde : « Les personnes qui ont appris leur séropositivité il y a très longtemps ont souvent renoncé à avoir une vie sexuelle, ils se protègent ainsi et vivent avec cette carapace depuis des décennies. Bien qu’en 2002 l’Organisation mondiale de la santé ait reconnu la sexualité comme étant une composante essentielle du bien-être de chacun, ce n’est pas à moi de remettre en cause la manière de fonctionner des patients. Aujourd’hui, grâce à une déstigmatisation des séropositifs, la sexualité est envisagée plus sereinement et ma consultation est là pour aider et apporter des réponses aux questions. »

Cet espace de discussion sert également de tri pour orienter les patients et patientes vers d’autres spécialistes en fonction des problèmes évoqués : cela peut être un urologue, un cardiologue, un physiothérapeute, etc. « La vie sexuelle des personnes séropositives n’est pas fichue ! Elles ont le droit de vivre une sexualité épanouissante », conclut la spécialiste.

« Je suis un mec lambda, avec un désir de mec »

Antoine* a appris sa séropositivité il y a cinq ans. Aujourd’hui sous trithérapie, le virus est indétectable et il vit une sexualité épanouie. « Les six premiers mois après l’annonce de ma séropositivité, je n’ai pas eu de rapports sexuels complets. Mais depuis, je vis une sexualité normale. Je suis un mec lambda avec un désir de mec. »

Antoine a été informé par son médecin qu’il existait, aux HUG, une consultation de sexologie pour les personnes séropositives alors même qu’il envisageait de consulter un psychologue : « Je vois Mylène Bolmont pour résoudre certains traumatismes anciens, pour discuter de mes fantasmes, pour trouver le moyen de vivre pleinement et de manière épanouissante ma sexualité. J’ai le VIH, mais je ne suis pas le VIH… »

Le trentenaire parle assez vite de sa séropositivité à ses partenaires sexuels et se soumet à des check-up fréquents. « Je remercie le ciel de ne pas avoir attrapé le VIH dans les années 1990. Je sais que je peux vivre normalement en prenant correctement mon traitement. »

* Prénom d’emprunt

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