Texte: 

  • Elodie Lavigne

Photos: 

  • Bogsch & Bacco

Vrai/Faux: le trouble du déficit de l'attention-hyperactivité (TDA-H)

Environ 5% des enfants sont touchés par un TDA-H. La Dre Isaline Ducommun, cheffe de clinique à l’Unité ambulatoire péri-hospitalière, déconstruit pour nous quelques idées reçues.

Le TDA-H est en progression.
FAUX
Il n’y a pas d’évidence là-dessus. Aujourd’hui, nous en avons une meilleure connaissance, de bons outils pour le dépister et le diagnostiquer. S’il peut se manifester tôt, on attend généralement l’entrée à l’école pour poser un diagnostic, car c’est souvent à ce moment-là que l’enfant est mis en difficulté.

Le TDA-H désigne deux troubles distincts qui se manifestent seuls ou ensemble.
VRAI
Le déficit d’attention et l’hyperactivité obéissent à deux mécanismes différents et ont leurs symptômes propres. Un enfant hyperactif a beaucoup de mal à tenir en place, à se concentrer, papillonne d’une activité à l’autre, parle beaucoup, perd ou oublie ses affaires, peut être impulsif et avoir de la peine à gérer ses émotions. L’enfant souffrant d’un trouble de l’attention seul est décrit comme étant dans la lune, et ne dérange généralement pas la classe. Il éprouve autant de peine à se plonger dans une tâche et à rester concentré. Les deux types peuvent rencontrer des difficultés dans les apprentissages et présenter des problèmes scolaires, l’un de manière plus bruyante et l’autre plus discrète.

Le TDA-H est induit par notre société.
FAUX
Les neurotransmetteurs (moins efficaces ou insuffisamment nombreux) chez les enfants atteints de TDA-H ainsi que l’hérédité sont en cause. Si tout enfant est naturellement sensible à son environnement, cela ne crée pas pour autant un TDA-H. À noter que l’anxiété, la dépression ou la maltraitance peuvent entraîner des symptômes similaires (agitation, concentration difficile, baisse de l’estime de soi, etc.). D’où l’importance d’un diagnostic clair capable d’expliquer les symptômes.

Le méthylphénidate (Ritaline®) est le traitement médicamenteux recommandé.
VRAI
Cette molécule est délivrée en première intention en raison de son efficacité et du recul qu’on a à son égard. Mais d’autres médicaments (psychostimulants ou non) existent et peuvent être proposés en fonction de la réponse de l’enfant au traitement initial. Une psychothérapie est souvent associée pour aider l’enfant dans ses difficultés (faible estime de soi, problèmes d’interaction avec les autres, etc.) de même qu’une guidance parentale.

Ce traitement est dangereux.
FAUX
Comme tout médicament, il a des risques et des effets secondaires, c’est pourquoi il doit être prescrit par un spécialiste et exige un suivi. Mais il permet à l’enfant de pallier ses difficultés de manière considérable. Certains parents craignent toutefois cette médication. En réalité, les études montrent que soulager les symptômes réduit le risque d’automédication avec d’autres substances (cannabis, alcool, etc.) à l’adolescence. Bien informer les parents est indispensable.

Témoignage

«On punit, mais cela ne sert à rien»

YOLANDE, maman de Kismath (12 ans) et de Widad (9 ans)
«A la crèche déjà, ma fille avait du mal à rester en place. À la maison, il fallait toujours lui courir après. Elle sortait de table, n’arrivait pas à se concentrer et ne finissait jamais ce qu’elle avait commencé. On s’énerve car l’enfant n’écoute pas. On punit, mais cela ne sert à rien. Avec le pédiatre, nous avons attendu qu’elle rentre à l’école, mais son comportement ne s’est pas arrangé. On m’a alors orientée vers la guidance infantile. Le diagnostic de trouble du déficit de l'attention-hyperactivité (TDA-H) a été posé. J’étais soulagée de comprendre pourquoi elle était comme ça. Une aide à la maison m’a permis de mieux accompagner mes enfants –mon fils souffre du même trouble– dans leurs activités et de mieux réagir à leur comportement. À l’école, ma fille avait beaucoup de difficultés dans les apprentissages. Avec les autres, il y avait toujours des problèmes. Elle se sentait mise à l’écart. Aujourd’hui, grâce aux médicaments, elle est plus calme, son niveau scolaire s’est beaucoup amélioré et elle a des amis. Elle voit un psychothérapeute, ce qui la rassure beaucoup.»

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