Les physiothérapeutes des soins intensifs, comme celles et ceux de l’Hôpital Beau-Séjour, font tout pour mettre en mouvement les personnes souffrant d’un traumatisme ou d’un AVC. Reportage.
Malgré les fils, cathéters, sondes et autres électrodes, l’équipe du Service des soins intensifs des HUG installe, quelques minutes durant, un patient ayant souffert d’un AVC sur le bord de son lit. Dans la chambre voisine, la mobilisation des physiothérapeutes et de l’ergothérapeute est la même pour faire effectuer quelques mouvements passifs des jambes à une patiente intubée. Des exercices essentiels, car une journée sans bouger génère une importante et rapide perte musculaire ainsi que l’apparition d’escarres. «La moindre activité est bénéfique et amène peu à peu vers une plus grande autonomie», décrit Claire Bennett, physiothérapeute.
Solliciter le plus tôt possible
Chaque occasion est donc saisie par les équipes multidisciplinaires pour stimuler une personne cérébrolésée. «Il y a dans le domaine de la réhabilitation un partenariat fort entre les soins intensifs, les soins aigus et la réadaptation. Notre travail très en amont porte d’ailleurs souvent ses fruits plus tard au cours de la prise en charge», souligne Nicolas Rossmann, infirmier aux soins intensifs.
À l’Hôpital Beau-Séjour, qui accueille des personnes en réhabilitation, les équipes de physiothérapeutes mettent tout autant d’énergie à rééduquer les personnes souffrant d’une lésion cérébrale, dès que les conditions sont réunies pour une mobilisation précoce sûre. Elles sont sollicitées au maximum de leurs capacités afin de récupérer le mieux possible et s’adapter à leurs nouvelles facultés. «Il existe une fenêtre de plasticité cérébrale de deux à trois mois au cours de laquelle le potentiel de récupération est maximal», explique le Dr Nicolas Broc, chef de clinique en neurorééducation.
Des techniques à tester
Les activités proposées à Beau-Séjour sont variées et évolutives. «Il n’y a pas une thérapie meilleure qu’une autre, le principal est que la personne puisse s’impliquer activement», estime le médecin. Les séances de physiothérapie peuvent se faire avec différents matériels, comme un système de rails qui soutient la personne grâce à un harnais. Un exosquelette permet quant à lui de se tenir debout en toute sécurité et de bouger, tout en laissant le ou la physiothérapeute libre de ses mouvements et donc de se consacrer entièrement au travail de rééducation. La balnéothérapie, un tapis roulant ou la marche entre des barres aident aussi à retrouver un maximum de mobilité. «Nous jonglons entre ces techniques pour varier les stimulations et choisissons celles qui donneront le plus envie à la personne de travailler sur la durée», insiste Ségolène Thebeau, physiothérapeute à Beau-Séjour.
Témoignage #1 - NICOLAS DOUSSE, physiothérapeute responsable aux soins intensifs
«Le mouvement, c’est la vie»
«Nous ne parlons pas de "rééducation" aux soins intensifs, mais de "mobilisation précoce". La stimulation des personnes cérébrolésées, très fragiles et qui doivent tout réapprendre, peut être passive, mais reste essentielle. Le mouvement, c’est la vie ! Les soins sont très individualisés, car ces personnes ont des profils très différents, et ajustés à chaque instant, en fonction de l’état de fatigue et de l’évolution de chacune. Nous devons être très flexibles et travailler en interdisciplinarité.»
Témoignage #2 - EMMANUEL GUYEN, physiothérapeute responsable à Beau-Séjour
«Répéter le plus possible les mouvements»
«Tous les patients ou patientes ne passent pas par les soins intensifs, mais l’important est de les mobiliser le plus tôt possible et à toutes les étapes de leur prise en charge, car les automatismes se perdent rapidement. Ainsi, pour la marche, il est nécessaire de répéter le plus possible le mouvement afin qu’elle redevienne automatique. Les séances de physiothérapie essaient d’emmener la personne le plus loin possible.»
Témoignage #3 - CYRILLE COMMUNOT, patient
«Il fallait que je me batte»
« Après mon AVC, j’ai passé quinze jours à l’hôpital, puis ai rejoint Beau-Séjour. Au tout début, je me souviens que rester quinze secondes debout, même soutenu, se révélait extrêmement difficile. Mon objectif étant de retourner sur les pistes de ski au plus vite, il fallait que je me batte. La rééducation m’a permis de mesurer mes progrès. Les physiothérapeutes étaient toujours derrière moi, pour me soutenir moralement, mais aussi pour me protéger, d’une éventuelle chute notamment. Ergothérapeutes, neuropsychologues, infirmières et infirmiers, toutes et tous m’ont beaucoup apporté.»
Texte:
- Clémence Lamirand
Photos:
- Fred Merz | lundi 13