Texte: 

  • Clémence Lamirand

Photos: 

  • Melinda Beck

Diabète et santé osseuse, une liaison dangereuse

Le Service des maladies osseuses et celui d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient ont créé une consultation commune. L’objectif : investiguer et traiter la fragilité osseuse des personnes suivies pour un diabète.

illustration diabèteLes études l’affirment : le diabète, maladie caractérisée par un taux trop élevé de sucres dans le sang, abîme et fragilise les os. La présence de cette maladie, en perturbant le métabolisme osseux, avancerait de dix ans la survenue d’une fracture liée à l’ostéoporose, maladie qui dégrade la qualité de l’os. Parallèlement, les traitements du diabète joueraient parfois un rôle dans l’apparition d’un problème osseux. « Depuis plus de dix ans, des données confirment le lien entre diabète et fragilité osseuse, mais la prise de conscience qu’il s’agit d’une complication du diabète ne s’est faite que récemment », estime le Pr Serge Ferrari, médecin-chef du Service des maladies osseuses.

Face à ces différents constats, deux services des HUG, ceux des maladies osseuses et d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient, ont décidé de travailler conjointement dans le cadre d’une consultation unique. «Il nous est apparu évident d’unir nos forces et de mettre nos compétences en commun pour une meilleure prise en charge transversale des patientes et patients diabétiques pouvant souffrir de problèmes osseux», souligne le Pr Ferrari.

Évaluer le risque

C’est par la porte du Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient que les personnes rejoignent la consultation dédiée à l’ostéoporose. «Elles sont présélectionnées suite à une consultation de diabétologie, parce qu’elles ont eu une fracture ou parce que leur risque d’en souffrir est élevé», décrit le Pr François Jornayvaz, médecin-chef de ce service. Un bilan est réalisé et un score de risque précis établi. Des investigations plus poussées sont également envisagées.

Sélection avisée des médicaments

La discussion autour des traitements est la clé de voûte de cette consultation commune. D’un côté, une réflexion est menée sur les molécules qui aident à préserver l’os. «Il n’est pas possible de proposer n’importe quel traitement de l’ostéoporose en présence d’un diabète. La sélection doit se faire avec soin, en fonction de la personne suivie et de son niveau de remodelage osseux, ce qui nécessite une expertise particulière», explique le Pr Ferrari. De l’autre, l’impact du traitement antidiabétique sur les os doit être évalué, car certains antidiabétiques oraux, comme la metformine, ont montré un intérêt sur l’amélioration du risque de fracture, mais ils ne conviennent pas à toutes les personnes. «Nous devons trouver la bonne adéquation entre les deux prises en charge, le meilleur traitement contre le diabète et favorable à l’os, ce qui passe finalement par une médecine ultrapersonnalisée et individualisée», résume le Pr Jornayvaz.

Cette consultation diabète-ostéoporose est pour le moment proposée en interne aux HUG, mais elle devrait rapidement s’ouvrir à la médecine de ville afin «d’optimiser la prise en charge du plus grand nombre de patients et de patientes possible», conclut le Pr Jornayvaz.

Mêmes effets sur les os pour les deux types de diabète ?

Diabète et ostéoporose sont intimement liés. Mais est-ce que l’effet sur l’os du diabète de type 1, présent dès le plus jeune âge et caractérisé par une production insuffisante d’insuline, est similaire à celui du diabète de type 2, maladie chronique qui se déclare en général à un âge plus avancé ? Différentes études suggèrent que vingt à trente années de diabète de type 1 multiplient le risque de fracture de la hanche par cinq par rapport aux personnes non diabétiques. En cas de diabète de type 2, l’augmentation du risque est moindre, mais il est tout de même deux fois plus élevé. Une différence entre les deux types de diabète qui pourrait être en partie expliquée par la durée de l’exposition de l’organisme et des os à un environnement sucré, mais aussi par les autres altérations spécifiques de ces deux types de diabète.

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