Mandatés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour proposer des anticorps monoclonaux aux personnes à risque de complications liées au Covid-19, les HUG affichent un taux record de prescriptions ambulatoires grâce à une synergie hors pair entre partenaires de l’hôpital et du canton.
Placé sous les projecteurs du monde entier à l’automne 2020 par l’ex-président américain Donald Trump, le traitement développé par la société Regeneron*, première génération d’anticorps monoclonaux destinés aux personnes touchées par le SARS-CoV-2, a reçu une autorisation de mise sur le marché en Suisse en mai 2021. L’OFSP a alors mandaté le Service des maladies infectieuses des HUG pour organiser les prescriptions sur le canton de Genève.
Le défi : repérer les personnes candidates au traitement et agir vite. Et pour cause, « les anticorps monoclonaux visent à endiguer l’infection dès ses prémices, en empêchant le virus de proliférer dans le corps. La fenêtre idéale pour agir se situe dans les cinq jours suivants le début des symptômes », explique le Dr Julien Salamun, médecin adjoint au Service de médecine de premier recours (SMPR) des HUG. Quant aux critères pour en bénéficier, « il s’agit des profils à risque de développer des complications : personnes non vaccinées présentant une autre maladie (surcharge pondérale notamment), âgées de plus de 80 ans, immunosupprimées, ou encore certaines femmes enceintes », détaille le médecin.
250 doses administrées en ambulatoire
Quelque neuf mois plus tard et alors qu’une seconde génération d’anticorps monoclonaux (Sotrovimab**) a vu le jour pour contrer le variant Omicron, les HUG affichent un taux record de prescriptions en ambulatoire avec près de 250 cents doses administrées (ainsi que 300 à des personnes hospitalisées) et de nombreuses hospitalisations sans doute évitées. Une prouesse rendue possible grâce à une collaboration inédite entre la Direction générale de la santé (DGS), le dispositif Covicare et, côté HUG, le SMPR (au travers de l’Unité d’urgences ambulatoires), le Service d’obstétrique, la pharmacie ainsi que le Service de gériatrie et réadaptation des Trois-Chêne.
Le principe : tout commence par l’alerte que constitue chaque test PCR positif recensé par la DGS. Aussitôt, un processus automatique s’enclenche : envoi d’un formulaire en ligne permettant de renseigner sur les facteurs de risque (démarche clé côté patientes et patients), transmission des informations au dispositif Covicare, puis appel aux personnes remplissant les critères. « Notre objectif est alors à la fois de vérifier les facteurs de risque présents, d’expliquer le protocole – le traitement est administré en une fois, sur place aux HUG, par intraveineuse – et de prendre le rendez-vous si la personne le souhaite. Le plus souvent, l’administration est prévue le lendemain, les médicaments étant préparés sur commande par la pharmacie des HUG », précise le Dr Salamun.
Retours très positifs
Les résultats ? « Les retours sont très positifs et les effets secondaires relevés quasi inexistants. Sur l’ensemble des personnes traitées aux HUG pendant la vague Delta, une seule a été hospitalisée. Un résultat encourageant alors que nous savons que le taux d’hospitalisation est de 5 % chez les personnes à risque », détaille le médecin. Avant d’ajouter : « Les anticorps monoclonaux existent depuis plus d’une décennie et sont fréquemment utilisés dans le cadre de pathologies auto-immunes, comme la sclérose en plaques. De nombreuses recherches sont en cours, notamment pour alléger leur administration. Celle-ci pourra peut-être un jour se faire par simple injection intramusculaire ou par comprimés. »
* Commercialisé en Suisse sous le nom Ronapreve®.
** Nom commercial : Xevudy®.
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Louis Brisset