Texte: 

  • Clémence Lamirand

Photos: 

  • Michèle Bloch-Stuckens

« La cohésion sociale, un vrai défi à relever »

Depuis octobre dernier, le Dr Alessandro Cassini est le médecin cantonal de Genève. Un poste central au service de la prévention et de la promotion de la santé, pour l’ensemble de la population genevoise.

Pulsations : Étiez-vous destiné à travailler dans le domaine de la santé publique ?
Dr Alessandro Cassini
: Pas vraiment ! J’étais en train de me former en chirurgie thoracique lorsque j’ai découvert la santé publique, une spécialité unique, et pour moi fascinante, qui allie économie de la santé, politique, enjeux sociaux et prévention. Je n’ai plus voulu la quitter et ai multiplié les expériences dans ce domaine, tout en conservant mes missions médicales sur le terrain, en Afrique en particulier.

Avec quels principaux partenaires travaillez-vous ?
De nombreux acteurs gravitent autour de l’Office cantonal de la santé de l’État de Genève : les hôpitaux – notamment les HUG, avec qui nous entretenons des liens solides que nous veillons d’ailleurs toujours à renforcer –, les médecins de premier recours, qui sont le socle de notre système de santé, ou encore les soins à domicile. Sans oublier les associations, extraordinairement nombreuses et actives dans notre canton. Elles constituent un relais indispensable dans le déploiement des politiques de prévention et de promotion de la santé. Dès mon arrivée, j’ai souhaité rencontrer l’ensemble de cet écosystème.

Quels sont les rôles premiers confiés à votre service ?
Il doit d’abord engager des actions concrètes en faveur de la promotion de la santé et de la prévention. L’une des missions de cette autorité sanitaire est aussi de s’assurer, avec transparence et bienveillance, de la qualité des soins proposés sur son territoire. Le service est aussi responsable de la prévention et du contrôle des maladies transmissibles, comme lors des épidémies.

Qu’en est-il de vos priorités concernant la population genevoise ?
Il y a d’abord la santé mentale, celle des jeunes notamment, qui a été particulièrement malmenée depuis la pandémie de Covid-19. Nous souhaitons également renforcer au mieux les réseaux d’urgence et favoriser toujours plus l’accessibilité aux soins, notamment pour les populations les plus vulnérables. La télémédecine peut améliorer cet aspect, mais les personnes qui y ont recours doivent bien comprendre ses intérêts, ses avantages, mais aussi ses limites. Une communication efficiente est pour moi essentielle. L’un de mes objectifs est d’ailleurs d’impliquer toujours plus de représentantes et représentants de la population genevoise dans nos discussions et groupes de travail. Cela se fait déjà, mais selon moi ce n’est pas encore assez courant.

Votre service se prépare-t-il à une nouvelle crise sanitaire d’envergure ?
Oui. Nous travaillons sur le plan « pandémie » et sur sa déclinaison au niveau cantonal. L’un de ses objectifs est de repérer l’ensemble des partenaires engagés et de définir leurs rôles respectifs, afin de disposer d’une feuille de route claire, concrète et pratique si un tel événement survient à nouveau. Nous le savons, il y aura une autre crise sanitaire, peut-être avec un autre virus ou d’une envergure différente. Nous devons nous y préparer. Nous discutons déjà, par exemple, de la manière d’éviter le port du masque en EMS ou la fermeture des écoles. Les répercussions de ces éventuelles décisions sur les populations doivent être évaluées. En santé publique, tout est question d’équilibre entre bénéfices et risques. Puisque chaque décision prise a un effet direct sur une population donnée, elle doit se fonder sur des preuves scientifiques, tout en répondant à des valeurs sociales et politiques. Et sans perdre de vue que les ressources, notamment financières, restent toujours limitées.

Selon vous, à quel enjeu majeur sera confrontée la santé publique dans les prochaines années ?
Il est difficile d’en identifier un seul. Mais je dirais que l’un des plus importants est l’isolement social. De plus en plus d’études révèlent son impact négatif sur la santé mentale et le risque de dépression, bien sûr, mais aussi sur la survenue de maladies chroniques comme le diabète. La cohésion sociale constitue un vrai défi à relever.

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