En diminuant significativement les mouvements respiratoires lors de l’anesthésie, le recours à la «jet ventilation» permet d’intervenir avec plus de précision sur les tumeurs.
De plus en plus souvent, certaines tumeurs, en particulier du foie et des reins, peuvent être enlevées sans recourir à une chirurgie «à ciel ouvert» (en pratiquant une large incision). Comment ? En combinant deux techniques : la thermoablation et la «jet ventilation», une technique de ventilation pulsée.
Lors de certaines anesthésies, un respirateur artificiel supplée la respiration naturelle. Un respirateur conventionnel insuffle environ un demi-litre d’air à chaque respiration, entraînant d’importants mouvements du thorax et de l’abdomen. «Avec la "jet ventilation", seulement 70 à 100 ml sont administrés, de manière pulsée, permettant une très nette diminution des mouvements», explique le Dr Alain-Stéphane Eichenberger, médecin anesthésiste responsable du Secteur hors bloc.
Grâce à la quasi-immobilité du ou de la patiente, les spécialistes en radiologie interventionnelle peuvent intervenir de manière plus précise sur des lésions qui ne pouvaient auparavant être traitées par thermoablation, car localisées dans des zones difficiles d’accès. «Nous pouvons ainsi agir sur des tumeurs localisées juste sous les poumons par exemple, sans risquer de les léser», indique le Dr Alexis Ricoeur, responsable de l’Unité de radiologie interventionnelle.
Synergie entre radiologie et anesthésie
La «jet ventilation» n’est pas une technique nouvelle, mais sa combinaison à la thermo-ablation est récente. «C’est là un bel exemple de synergie entre différentes spécialités médicales. En collaborant, nous pouvons mettre en œuvre des associations innovantes», conclut le Dr Eichenberger.
La thermoablation de tumeurs
Cette technique à visée curative détruit une tumeur par la chaleur (radiofréquences ou micro-ondes) ou par le froid (cryoablation). C’est une intervention minimalement invasive : la chaleur ou le froid sont appliqués directement dans la tumeur par le biais d’une ou de plusieurs aiguilles spécifiques et sous guidage d’imagerie (scanner, échographie ou IRM). Dans de nombreuses situations, la thermoablation représente une alternative à un acte chirurgical lourd tout en diminuant les risques de complications, voire le recours à d’autres traitements moins efficaces. «Après une thermoablation et une courte hospitalisation de 24 heures, les patientes et patients peuvent immédiatement reprendre une vie normale», assure le Dr Alexis Ricoeur.
Texte:
- Sophie Lonchampt
Photos:
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