À l’heure de la troisième dose, la Dre Christiane Eberhardt, médecin adjointe au Centre de vaccinologie des HUG, fait le point sur la capacité de l’organisme à se défendre contre les infections.
La pandémie de Covid-19 a mis sur le devant de la scène l’un des systèmes centraux du corps humain, chargé d’en assurer sa survie : le système immunitaire. Comment notre organisme se défend-il contre les agents infectieux et en particulier contre le Covid-19 ? «Il y a deux axes d’immunité. Le premier, très rapide, se met en place dans les minutes et heures suivant l’infection ou le vaccin. Cette réaction innée du système immunitaire active les mécanismes de l’inflammation, à l’origine de la fièvre, d’une perte d’appétit, de maux de tête, etc. Elle prépare une réponse immunitaire spécifique à l’agent responsable de l’infection», répond la Dre Christiane Eberhardt, médecin adjointe au Centre de vaccinologie. Cette réponse adaptative, qui intervient dans un second temps, se traduit, entre autres, par l’activation des lymphocytes, dont il existe deux types. Les lymphocytes T se chargent par exemple de tuer les cellules infectées, tandis que les lymphocytes B s’occupent de produire des anticorps spécifiques. Après l’infection ou la vaccination, ils persistent comme cellules « mémoire », qui s’activent et se multiplient très rapidement lors d’une réinfection ou d’un rappel vaccinal.
L’immunité locale, cette inconnue
Comment savoir si notre organisme est protégé face au Covid-19 ? Il reste difficile de répondre à cette question, explique la Dre Eberhardt : « Il est possible de mesurer, dans le sang, le taux d’anticorps spécifiques. Ils sont la preuve, telle une cicatrice, que l’on a été infecté ou vacciné. Certains d’entre eux peuvent neutraliser le virus, soit l’empêcher d’entrer dans nos cellules et de nous infecter. Quant aux cellules T, elles jouent probablement davantage un rôle dans la protection contre une maladie sévère une fois que nous sommes infectés et sont moins sensibles aux différences entre les variants. » Mais cela ne reflète pas forcément ce qui se passe localement dans nos muqueuses. Pour connaître notre immunité locale – qui protège d’être porteur ou porteuse du virus ou de le transmettre –, il faudrait mesurer les anticorps et les cellules spécifiques présents à l’endroit même de l’infection, dans les voies respiratoires. « Or nous ne savons pas trop le faire à large échelle », explique la spécialiste.
C’est pourquoi le vaccin – en plus des gestes barrière – reste la seule arme de prévention contre le Covid-19. « Il permet d’éviter les formes graves, mais pas d’éradiquer la maladie. Nous devons vivre avec », conclut la Dre Eberhardt.
Texte:
- Elodie Lavigne
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