La transplantation fécale (TF)* intrigue, en même temps qu’elle suscite de l’espoir. Le Dr Benedikt Huttner, médecin adjoint agrège au Service des maladies infectieuses des HUG, fait la lumière sur un traitement peu banal.
Pulsations La TF suscite beaucoup de curiosité. De quoi s’agit-il exactement ?
Dr Benedikt Huttner Il s’agit de recueillir les selles d’un donneur sain en fonction de critères similaires au don du sang. L’échantillon est filtré pour isoler les bactéries et contrôlé pour exclure le risque de transmission d’infections. La transplantation de selles se fait sous forme liquide par une sonde naso-gastrique ou gastro-duodénale, ou via l’anus. Les HUG se sont distingués avec l’étude R-Gnosis WP3, en étant les premiers en Suisse à congeler la matière fécale dans des capsules pour pouvoir les donner par voie orale. Une méthode moins invasive et plus confortable pour le patient.
Quelles sont ses indications ?
La colite à Clostridium difficile, une infection qui cause des diarrhées importantes avec un risque de rechute et de péjoration sérieuse de l’état du patient, est la seule indication reconnue. Plusieurs études ont confirmé l’efficacité supérieure de la TF par rapport à d’autres traitements pour les cas récidivants. Elle suscite également un fort intérêt pour traiter la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et le syndrome du côlon irritable. Mais les études qui devraient valider cette approche sont encore en cours.
Quels sont les risques ?
En général, la TF est bien supportée, mais des événements indésirables graves sont décrits. Par ailleurs, le risque d’induire certaines maladies auto-immunes et la transmission de pathogènes du donneur ne peuvent pas être exclus à 100 %. Enfin, cette thérapie doit encore être standardisée.
* ou bactériothérapie fécale
Dossier Microbiotes
Texte:
- Elodie Lavigne
Photos:
- Julien Gregorio