Texte: 

  • Clémence Lamirand

Photos: 

  • Nicolas Righetti | lundi13

« L’IA va changer le travail des radiologues »

Le Pr Pierre-Alexandre Poletti a repris le Service de radiologie des HUG en 2019. Si cette spécialité exige des équipements de dernière génération, elle se voit également transformée par l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA).

Pr Pierre-Alexandre Poletti Pulsations Avec plus de 300 collaborateurs et collaboratrices, le Service de radiologie des HUG est le plus grand de Suisse. Quelles sont ses principales activités ?
Pr Pierre-Alexandre Poletti Il assure la prise en charge clinique et s’investit dans l’enseignement et la recherche. La radiologie est une spécialité transversale qui interagit avec la quasi-totalité des services de l’hôpital. Il est en effet indispensable de disposer d’images pour confirmer un diagnostic clinique, évaluer les effets de certains traitements ou effectuer des dépistages. Elle a donc un rôle diagnostique, mais aussi thérapeutique. La «radiologie interventionnelle» propose ainsi aujourd’hui des traitements peu invasifs guidés par l’imagerie.

Comment votre discipline a-t-elle évolué ces dernières décennies ?
Très rapidement ! Les progrès technologiques offrent de nouvelles perspectives, ce qui est réjouissant. Nous disposons d’appareillages toujours plus sophistiqués, avec des besoins en produits de contraste ou en rayons moins élevés. Parallèlement, la radiologie s’est rapprochée d’autres spécialités diagnostiques afin de développer la médecine de haute précision. Ces dernières années ont également vu une évolution impressionnante de la radiologie interventionnelle qui a remplacé dans beaucoup de domaines la chirurgie classique, avec de nombreux bénéfices pour les patients et patientes : hospitalisations moins longues, récupération plus rapide, complications moindres.

Quelle place occupe l’IA dans votre discipline ?
Elle est déjà présente et nous est utile à plusieurs niveaux. Intégrée dans les systèmes de reconstruction d’images, elle facilite notamment le travail des techniciens et techniciennes lors des examens. L’IA aide aussi les radiologues à détecter certaines lésions et à accomplir des tâches particulièrement chronophages telles que les mesures des lésions tumorales avant et après traitement. Elle est aussi utilisée pour expliquer aux patients et patientes des comptes rendus radiologiques complexes, en langage simple.

Selon vous, va-t-elle un jour remplacer les radiologues ?
Les remplacer, non, mais il est évident qu’elle va changer leur travail. Elle aidera les radiologues dans les tâches simples et répétitives, en augmentant leur efficience. Cela libérera du temps, notamment pour échanger avec leurs collègues, par exemple dans le cadre des réunions multidisciplinaires. Celles-ci font désormais partie intégrante de la prise en charge de diverses maladies et d’une médecine personnalisée. Les radiologues vont se rapprocher encore plus de la clinique, que ce soit pour des pathologies pulmonaires chroniques, neurologiques dégénératives, vasculaires ou oncologiques.

Vous avez rappelé l’importance, dans votre activité, de disposer de matériels performants. Qu’en est-il dans votre service ?
Les HUG mettent tout en œuvre pour que leurs équipes aient accès à des machines modernes, et leur patientèle, aux dernières avancées médicales. Aujourd’hui, nous possédons, entre autres, neuf IRM et sept CT-scanners. Tous les sept à huit ans, nous les renouvelons. Récemment, nous avons acquis un scanner de dernière génération, dit «à comptage photonique», avec une résolution extraordinaire et une dose de radiation réduite. Ce modèle est le deuxième de ce type à avoir été installé en Europe (lire l'article Avancée majeure en radiologie médicale). Cet été, le service s’est également doté d’une IRM à hauts gradients, à la pointe de la technologie, qui va ouvrir de nouvelles perspectives en imagerie diagnostique. Enfin, nous équipons actuellement une salle d’angiographie avec un appareil révolutionnaire qui permettra de grandes avancées en radiologie interventionnelle. Tous ces investissements n’ont finalement qu’un seul objectif : améliorer la prise en charge des patientes et patients.

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