Conçue pour des personnes cérébrolésées – ayant subi un traumatisme crânien par exemple –, la chambre inaugurée en janvier dernier au sein du Service de neurochirurgie est sans précédent. Son ambition : allier innovation, sécurité et confort pour répondre à des besoins très spécifiques.
Une personne sortant du coma, une autre d’un accident vasculaire cérébral, une autre encore d’un traumatisme crânien sévère : toutes traversent un état d’extrême fragilité, tant cérébrale que physique et psychologique. Dès lors, durant leur hospitalisation, chaque détail compte pour assurer leur confort et sécurité. D’où l’idée de Christine Dégremont, infirmière responsable de l'unité 2AL du Service de neurochirurgie : « Après quinze années passées au chevet de personnes cérébrolésées, j’ai réfléchi à des équipements qui pourraient les aider, les protéger, mais également soulager le travail des soignantes et soignants. En effet, certains actes en apparence anodins, comme un suivi régulier du poids, peuvent devenir une véritable épreuve physique, tant pour ces personnes qui ne peuvent pas encore se lever que pour l’équipe médicale. »
Éclairage LED et équipement audio Bluetooth
Des heures de travail et un dossier bien préparé plus tard, la « chambre pour patientes et patients cérébrolésés » a vu le jour en janvier dernier, grâce au financement de la Fondation privée des HUG. « La pièce a été pensée pour ajuster les stimulations visuelles et auditives à l’état de santé et d’éveil de la personne, faciliter les soins ou encore l’accès aux sanitaires », détaille Christine Dégremont.
Autant d’adaptations rendues possibles notamment grâce à un variateur de lumière, un système d’éclairage LED projetant couleurs et stimuli visuels sous forme d’aurores boréales par exemple, un équipement audio Bluetooth, un lit permettant d’asseoir et de peser la personne ou encore des W.-C. électriques et une salle de bains entièrement adaptée.
Sécurité au cœur du projet
« La notion de sécurité a été un élément central du projet », poursuit l’infirmière. Tout choc doit absolument être évité. « Suite à une hémorragie cérébrale par exemple, certaines personnes ont subi une craniectomie, autrement dit une ablation d’une partie de la boîte crânienne. Le cerveau est alors dans un état d’extrême vulnérabilité », explique Christine Dégremont. Pour limiter tout risque de chute, la chambre a donc été désencombrée et le mobilier adapté. Table, chaises et armoire métallique habituelles ont ainsi été remplacées par un bureau rabattable contre le mur et réglable en hauteur, des poufs et un tapis en mousse, et des rangements optimisés. À noter que le lit lui-même s’est mué en allié sécurité : « Les bords du matelas ont été dotés de détecteurs de mouvement alertant l’équipe soignante si la personne s’apprête à se lever. Ainsi, nous pouvons arriver tout de suite et l’accompagner dans ses déplacements », détaille l’infirmière.
Partenaires clés du processus de rétablissement, les proches ont également été pris en compte dans le projet de la chambre, comme le détaille Christine Dégremont : « Lorsqu’une personne est dans le coma ou polytraumatisée, leur présence est extrêmement précieuse. Pour améliorer le confort, nous avons prévu un vrai lit rabattable, intégré dans la paroi de la chambre la journée et que l’on peut descendre le soir. »
Témoignage : « Une vraie aide à la rééducation »
Aujourd’hui en réadaptation à Beau-Séjour, Geoffrey, jeune homme victime d’un grave accident de la route, a été le premier patient accueilli dans ce nouvel espace : « Elle est super cette chambre, conviviale, assez vaste pour circuler en fauteuil roulant sans se cogner partout. Une barre de son permet d’écouter sa propre musique et il y a même un lit intégré pour qu’un ou une proche puisse rester dormir sur place. Tout cela peut paraître anodin, mais fait beaucoup de bien au moral. C’est une vraie aide à la rééducation. »
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Louis Brisset