Les unités du post-partum et de néonatologie ont inauguré en mai dernier de nouvelles chambres mères-enfants. Celles-ci facilitent la présence essentielle des familles et renforcent l’attachement entre la mère et le nouveau-né.
C’est la concrétisation d’un projet de longue date qui a enfin vu le jour. Son objectif est d’améliorer le parcours d’une partie des quelque 500 nouveau-nés que le Service de néonatologie accueille chaque année. Jusqu’à présent, les jeunes mamans hospitalisées en Unité obstétrique post-partum, à l’étage du dessus, pouvaient rendre visite à leur enfant, mais sans dormir sur place. Quatre chambres, installées grâce au soutien de la Fondation privée des HUG, sont désormais mises à disposition des familles, lorsque la mère est dans un état stable et que l’enfant ne nécessite pas de soins intensifs. « Le concept global est de favoriser la présence des familles, pour que la prématurité, une infection, un trop petit poids de naissance n’entraînent pas systématiquement de séparation », explique le Pr Riccardo Pfister, responsable du Service de néonatologie.
Ces chambres permettent néanmoins une surveillance continue de la part des équipes soignantes et répondent à des critères de sécurité similaires aux chambres des soins intermédiaires. « Cela a été un grand défi, une collaboration interprofessionnelle et interservices, entre les équipes de néonatalogie et d’obstétrique. Des groupes de travail ont été nécessaires pour préparer l’organisation des soins, destinés à la fois aux mères nouvellement accouchées et à leurs enfants », détaille le Pr Pfister. En plus de cette coordination multidisciplinaire, les parents ont été pleinement intégrés dans la pratique, afin de les rendre acteurs des soins donnés au nouveau-né et de les autonomiser pour préparer le retour à la maison.
Des bienfaits avérés
Alors qu’il y a quelques décennies les parents ne mettaient pas un pied en néonatologie, leur place y est désormais plus que recommandée. « L’attachement se développe durant toute la période de la grossesse et se poursuit après la naissance. La maman reste auprès de son bébé afin de prendre soin de lui. Cela l’aide à développer ses compétences parentales », explique Bérangère Pierret, sage-femme adjointe de la responsable des soins.
Plusieurs études ont démontré que la stimulation des organes sensoriels du nouveau-né via le son de la voix, le « peau à peau », l’odeur du parent, le portage… constituaient des soins de soutien bénéfiques au développement du cerveau. « Ces interactions favorisent également la libération – chez l’enfant comme chez ses parents – d’ocytocine, hormone du plaisir et de l’attachement, reconnue pour ses vertus neuroprotectrices. Il y a de plus en plus de preuves indiquant que la présence du parent est favorable au développement, mais aussi à la guérison », ajoute le Pr Pfister.
Pour Besmira, 27 ans, dont le fils a dû être hospitalisé en néonatologie pour une infection, être à ses côtés était une évidence : « Pour mon enfant comme pour moi, cela a été très important de ne pas être séparés. Je me serais sentie triste et mal à l’aise loin de lui, sans pouvoir lui parler, le toucher, sentir son odeur… », témoigne-t-elle. Autre bénéfice, faciliter la mise en place de l’allaitement : « Le nouveau-né devrait passer la majeure partie de son temps près de sa mère. C’est une des règles d’or pour le bon démarrage de l’allaitement », conclut Bérangère Pierret.
Chambres familiales : pour qui ?
La période de séjour dans les chambres mères-enfants dépend de l’état de santé de tous les deux (entre 2 à 5 jours pour la maman et jusqu’à 10 jours pour le nouveau-né). Dans les cas où la mère peut retourner à domicile, mais que le nouveau-né doit rester hospitalisé en néonatologie, la mère ou le père a la possibilité de rester jour et nuit auprès du bébé sous certaines conditions et en fonction des disponibilités des lits.
Deux chambres hôtelières, conçues comme des mini-studios confortables avec un espace cuisine et salle de bains, sont également disponibles pour les parents qui souhaitent prolonger leur présence auprès d’un enfant hospitalisé.
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Julien Gregorio