Trois questions au Pr Christoph Nissen, médecin-chef du Service des spécialités psychiatriques et directeur du Centre de médecine du sommeil.
Pulsations Le projet « SLEEPexpert », que vous avez lancé aux HUG en collaboration avec plusieurs centres universitaires en Suisse, a obtenu un financement de 2,4 millions du Fonds national suisse.
Quelle est sa particularité ?
Pr Christoph Nissen Il s’inscrit dans la promotion de projets de recherche susceptibles de changer en profondeur certaines pratiques cliniques. Nos travaux partent du constat que la thérapie cognitivo-comportementale de l’insomnie (TCC-I) est reconnue comme traitement de premier choix des troubles de l’insomnie, mais reste trop marginale, notamment en raison de son exigence, puisqu’elle repose sur un programme complexe de plusieurs semaines. Nous l’avons donc adapté aux besoins de soins cliniques quotidiens, en collaboration avec des patients et patientes et des équipes médicales. L’innovation visée est double : pouvoir proposer la TCC-I au plus grand nombre de personnes, y compris celles qui présentent en même temps d’autres affections, tout en tenant compte des ressources existantes au sein du système de soins.
Comment y parvenir ?
Le projet «SLEEPexpert» est élaboré en misant sur une version simplifiée et hautement individualisée de la TCC-I. Cette variante repose sur un agenda du sommeil, des approches comportementales, mais avec des adaptations aux besoins des personnes, que ces dernières soient hospitalisées, atteintes de troubles psychiques sévères, ou même incarcérées. À noter que grâce au soutien de Promotion Santé Suisse, une déclinaison pour les jeunes est également en préparation.
Ce projet va être associé à un logo, un guide pratique et un site internet. Un véritable lancement marketing qui promeut plus largement la TCC-I elle-même…
C’est l’idée ! Il reste frappant de voir la popularité qui entoure de nombreux médicaments et, à l’inverse, l’ombre dans laquelle évoluent bien souvent des approches comportementales, et parfois bien plus efficaces, comme la TCC-I. Malgré ses résultats incontestables, elle serait proposée à seulement 1% des personnes qui pourraient en bénéficier. Elle souffre d’un manque de connaissances, mais aussi de personnel formé. Face à cela, les HUG se mobilisent au travers d’un programme de formation destiné aux équipes soignantes.
Dossier sommeil
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Rokas Aleliūnas
Pr Christoph Nissen
Médecin-chef du Service des spécialités psychiatriques et directeur du Centre de médecine du sommeil