Infectiologue, ancien doyen de la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne, Patrick Francioli est membre du Conseil de fondation et préside la Commission scientifique de la Fondation Leenaards, devenue un acteur majeur dans le paysage scientifique lémanique.
Pulsations Qu’est-ce qui vous a décidé à rejoindre la Fondation Leenaards en 2012?
Patrick Francioli De par mon parcours hospitalo-universitaire, j’ai bien sûr été sensible au fait que la recherche biomédicale est un des domaines d’action de la Fondation. Mais j’ai trouvé également très attrayant qu’elle ne se limite pas à cette thématique et soit active aussi dans le domaine social et de la culture. Ces trois axes créent un large éventail d’initiatives qui peuvent parfois entrer en résonance et permettent des actions d’envergure.
Le budget annuel alloué au soutien à la recherche biomédicale dépasse les 3 millions de francs… vous devez recevoir beaucoup de candidatures. Quels sont les critères majeurs qui guident vos choix?
Nous sommes en effet dans une région riche en institutions de recherche et très dynamique. La Fondation fonctionne surtout par des appels à projets, et il est parfois difficile de choisir entre tous les dossiers. Nous avons à cœur de soutenir les projets de haut niveau scientifique, mais aussi ceux dont on espère qu’ils pourront s’inscrire dans le long terme, au-delà de la durée de notre financement. Nous aimons faire fructifier de bonnes idées en parvenant à créer des effets de levier. La Suisse est un petit pays, travailler ensemble est très important pour les scientifiques s’ils veulent rester compétitifs au niveau mondial.
Nous sommes donc particulièrement sensibles aux projets collaboratifs, qui associent des équipes de différentes institutions et si possible dans différents cantons. Cette année, un de nos prix scientifiques a d’ailleurs récompensé un groupe de jeunes médecins affiliés aux HUG, à l’UNIGE, à l’UNIL et au CHUV, dont le projet a pour but d’évaluer l’effet de la méditation en pleine conscience dans la prise en charge d’adolescents en difficulté.
La recherche «translationnelle» est justement parmi vos priorités: faire dialoguer cliniciens et chercheurs des sciences de base est devenu incontournable?
Il est essentiel que les scientifiques qui travaillent sur un même sujet se comprennent et échangent. À Lausanne, les deux facultés de biologie et de médecine ont d’ailleurs été réunies quelques années avant que j’en devienne le doyen. Il y a de plus en plus d’échanges entre ces deux disciplines et la Fondation est particulièrement active pour soutenir les jeunes médecins qui souhaitent acquérir des compétences de recherche. Nous avons mis en place un programme de bourses et de prix pour les aider à développer en parallèle une carrière de médecin et un projet de recherche.
Est-il fréquent que vous travailliez main dans la main avec d’autres fondations?
Oui! Notre directeur, Peter Brey, est très attentif à cela. Quand nous examinons des projets, nous essayons de voir si d’autres fondations peuvent être impliquées, là aussi pour créer une synergie et être plus efficaces dans notre soutien. Pour la relève académique clinique, la Fondation Leenaards a un programme de soutien facultaire à Lausanne alors que le Fondation Jeantet se concentre sur Genève.
Le dialogue science-société est au cœur des actions de la Fondation Leenaards: les citoyens sont-ils assez impliqués sur les enjeux scientifiques et médicaux?
Il est difficile d’avoir une vision d’ensemble. En tout cas, parmi les événements et les initiatives que nous soutenons et qui sont destinés à faire du lien avec le public, la plupart ont jusqu’ici eu du succès. Dans notre région les sciences sont plutôt bien médiatisées, c’est une chance. Mais nous avons le sentiment que les journalistes scientifiques se font de plus en plus rares et cela nous préoccupe. C’est peut-être un futur axe d’action pour la Fondation.
Vous siégez également à la Commission âge et société de la Fondation: quels sont ses objectifs?
Plutôt que d’éparpiller les actions sur de multiples thèmes sociétaux, la Fondation a pris le parti de se concentrer sur un seul. Le vieillissement et la place des personnes âgées dans notre société est un enjeu majeur en Suisse comme dans de nombreux pays. Mais là aussi, nous essayons d’avoir un angle d’attaque original et de toujours penser à la pérennisation des projets que nous accompagnons.
Texte:
- Stéphany Gardier
Photos:
- Hervé Annen