Le «stéthoscope intelligent et autonome» pensé par le Pr Alain Gervaix, médecin-chef du Service d’accueil et d’urgences pédiatriques, a remporté le Prix de l’Innovation des HUG. Et l’aventure n’est pas terminée…
Et si nos smartphones pouvaient glisser le long de notre cage thoracique pour confirmer une crise d’asthme, une bronchiolite ou encore une pneumonie, puis proposer le traitement adéquat? L’idée ne vient pas d’un géant industriel, mais du Pr Alain Gervaix, médecin-chef du Service d’accueil et d’urgences pédiatriques (SAUP), et de son équipe. Leur stéthoscope intelligent et autonome (SIA) a remporté le Prix de l’Innovation 2018 décerné par la Fondation privée des HUG.
Tout a commencé par un défi lancé par l’Organisation mondiale de la santé: proposer un outil pour contrer le fléau causé par les maladies pulmonaires. Pour rappel, la pneumonie tue plus d’un million d’enfants chaque année. «Dans les pays du tiers-monde, le diagnostic est souvent posé par des agents de santé peu formés, ce qui peut engendrer des erreurs de traitement dramatiques, déplore le Pr Gervaix. L’idée du SIA m’est venue au hasard d’une conversation avec ma fille à propos de Shazam, cette application capable de reconnaître une musique en quelques secondes.»
Aide au diagnostic
Deux ans et une collaboration entre le SAUP et le Centre suisse d’électronique et de microtechnique de Neuchâtel plus tard, le prototype était testé aux HUG auprès de 78 enfants. La combinaison gagnante: un accéléromètre, un microphone ultrasensible enregistrant les bruits pulmonaires, une communication par Bluetooth, une interface sur smartphone et un soupçon d’intelligence artificielle par le biais d’algorithmes. «Le SIA est conçu comme une aide au diagnostic, qui doit évidemment aussi prendre en compte l’état général du patient, ses antécédents, etc. Mais les perspectives de développement sont considérables», se réjouit le Pr Gervaix.
La suite? Collecter quelque 100’000 enregistrements pour démultiplier la performance des algorithmes. Les études sont en cours en Suisse, au Brésil, au Sénégal, au Burkina Faso, en Zambie et au Népal.
Un microphone ultrasensible enregistre les bruits pulmonaires.
Une aide au diagnostic qui pourrait sauver des vies.
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Benjamin Schulte