Texte: 

  • André Koller

Photos: 

  • Nicolas Righetti | lundi13

«Le numérique fait tomber les murs de l’hôpital»

Smartphone, apps, réseaux sociaux, objets connectés… les usages des patients évoluent. Les HUG se positionnent en leader des technologies et de la communication. Quels sont les enjeux de cette révolution? Le point avec Jean-François Pradeau, directeur de la Direction des systèmes d’information (DSI).

Pulsations: De quelle façon la numérisation transforme-t-elle l’hôpital?
Jean-François Pradeau: Les moyens de communication et de partage de l’information, portés par une technologie toujours plus performante, élargissent sans cesse l’espace temporel et géographique des prises en charge. Patients et médecins de ville interagissent plus intensément avec les HUG avant, pendant et après l’hospitalisation. En cela, on peut dire que le numérique fait tomber les murs de l’hôpital.

Comment cela se traduit-il pour le patient?
Dans un avenir proche, par la mise à disposition de services ouverts, utiles et performants, tout au long de son parcours. Avant l’hospitalisation, par exemple, avec la prise de rendez-vous en ligne. Pendant, avec la signature électronique du consentement, sur une tablette. Et après, par l’envoi sécurisé de données médicales vers le dossier patient informatisé, éventuellement via des implants connectés. Enfin, bientôt, par une consultation en visioconférence avec le médecin.

Les hôpitaux ont-ils pris du retard?
Non. Le numérique est un atout pour l’hôpital venant renforcer les missions qui lui sont confiées. Les HUG ont saisi cet atout il y a vingt ans déjà. Nous avons été pionniers en Europe dans l’informatisation du dossier médical.

Les spécialistes affirment que le numérique oblige à réorganiser en profondeur le système d’information?
C’est exact. Nous devons repenser l’architecture générale et le cœur du système informatique. Ce dernier se présente aux HUG comme un ensemble de briques fonctionnelles. Une sorte de grand Lego. Pour y connecter facilement les apps disponibles sur le marché ou développées chez nous, nous allons créer tout autour de ce cœur de nouvelles interfaces vers les patients, les collaborateurs et le réseau de santé.

De plus, tout un pan de la révolution numérique concerne l’acquisition, le stockage et l’exploitation des données médicales. Là aussi, l’infrastructure est modifiée. En termes imagés, nous construisons un gigantesque coffre-fort, ultra sécurisé, dans lequel on verse les données. L’objectif étant de pouvoir exploiter ces informations à des fins de recherche et de formation des médecins.

Le numérique soulève aussi des questions de sécurité…
C’est un enjeu majeur. La gestion de données extrêmement sensibles, la complexité croissante des systèmes, la prolifération des attaques, la multiplication des apps et objets connectés, la mobilité et le besoin de haute disponibilité des services médicaux posent des défis importants au quotidien. Il faut savoir que les données médicales sont celles qui se vendent le plus cher sur l’Internet clandestin. Nos filtres de sécurité bloquent plus de 90% des e-mails entrants jugés menaçants. Et stoppent quelque 800’000 cyberattaques par mois.

Nos objectifs sont de maintenir nos systèmes à un haut niveau de sécurité et de mettre en place des plans pour garantir la continuité de l’activité médicale en cas d’attaque.

Quels sont les grands projets en cours à la DSI?
Il y a plus de 300 projets informatiques en cours. Et une centaine de nouveaux par an. Nous menons ainsi un vaste projet d’évolution: le dossier patient informatisé de demain. Nous y intégrons notamment de l’intelligence artificielle pour améliorer encore les niveaux de sécurité des prises en charge ainsi que la rapidité et la pertinence des diagnostics. Depuis juillet, nous sommes le premier hôpital universitaire européen à utiliser l’outil d’IBM Watson for genomics. En quelques minutes, ce système analyse en toute sécurité le profil génétique d’une tumeur et propose des options thérapeutiques extrêmement fiables. Un travail qui normalement prend des heures, voire des jours à un oncologue. Ces propositions sont ensuite discutées par des spécialistes, bien humains, eux.

Les HUG vont-ils passer à la 5G?
Pas dans l’immédiat. La 5G n’est pas encore complètement maîtrisée. Mais d’ici fin 2020, nous aurons la 4G à l’intérieur de tous les bâtiments. Cette norme est adaptée à l’Internet mobile pour les nouveaux usages du numérique, l’accès aux applications cloud, sécurisé évidemment, et offre des débits plus de 10 fois supérieurs à la 3G.
 

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