Texte: 

  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • Julien Gregorio

À l’écoute des personnes en attente de placement

Approche innovante centrée sur la personne, projet de rénovation des locaux : un nouvel élan est donné dans les unités prenant en charge les personnes en soins de maintien dans l’attente d’une place en EMS ou en institution spécialisée.

Ce sont des personnes arrivées à l’hôpital suite à un accident ou une atteinte sévère de leur santé et pour lesquelles, passée l’urgence des soins, une évidence est rapidement apparue : l’impossibilité d’un retour à domicile. La plupart du temps, il s’agit de personnes âgées, en perte d’autonomie, mais la problématique peut aussi concerner des individus jeunes, en situation de handicap, après un accident de la route par exemple. Et bien souvent, ces divers cas de figure ont en commun le début d’un processus long et complexe pour trouver la place en EMS ou en foyer qui convient. Les délais d’attente peuvent hélas se compter en semaines ou en mois, tant les démarches administratives peuvent être lourdes et les places rares. « Dans cet intervalle, notre mission est de prendre en charge ces personnes fragilisées le mieux possible. Nous savons qu’elles traversent une étape délicate, souvent douloureuse, incluant le deuil de certains aspects de leur vie passée, de leur domicile lui-même. D’où l’importance de tenir compte autant que possible de leurs besoins et de leur état d’esprit, tout en veillant à favoriser le maintien de leurs capacités physiques et mentales », résume le Pr Christophe Graf, chef du Département de réadaptation et gériatrie (DRG). Une démarche au cœur de l’« Approche centrée sur la personne », dont le déploiement est en cours depuis quelques mois, mais également de la rénovation des unités en question, prévue quant à elle courant 2023.

Soins de maintien

En pratique aujourd’hui, 104 lits répartis sur deux sites – 84 à l’Hôpital de Loëx et 20 à la Clinique de Joli-Mont – sont réservés à ces personnes passées en « soins de maintien », à l’issue des divers traitements qui s’imposaient à leur arrivée à l’hôpital. Un changement de statut allant de pair avec la mise en place d’un réseau impliquant le patient ou la patiente, ses proches, l’équipe médico-soignante et le service social. « Tout l’enjeu est d’entreprendre l’ensemble des réflexions et des démarches requises pour organiser la prise en charge de ce séjour transitoire, penser le projet de vie de la personne et trouver la place en EMS ou en institution spécialisée correspondant le mieux à sa situation et à ses souhaits », précise Franck Attar, coordinateur qualité sécurité et en charge de la gestion administrative et financière des personnes en soins de maintien au DRG. Et d’ajouter : « Si les aspects administratifs et financiers s’imposent rapidement au cœur des discussions, le quotidien reste, lui, focalisé sur la personne. »

Changement d’approche

Initiée à l’issue d’une étude pilote concluante financée par la Fondation privée des HUG, cette approche se glisse depuis quelques mois dans les services concernés. « Elle vise à repenser certaines pratiques hospitalières pour qu’elles s’ajustent aux besoins et aux habitudes de la personne. Il s’agit par exemple d’adapter les horaires de repas ou de toilette. Simple en apparence, cette flexibilité des équipes soignantes constitue un vrai changement de paradigme dans les structures de soin. Et surtout, de tels aménagements peuvent s’avérer déterminants pour la santé physique et psychique d’une personne âgée ou devenue handicapée », résume Coralie Peillex, adjointe de la responsable des soins au DRG.

Organisation de repas dans un espace commun, activités culturelles et artistiques, temps d’échanges personnalisés, perspective de locaux mieux adaptés : cette ère nouvelle impliquant équipes soignantes, socio-éducatives et bénévoles montre déjà ses bienfaits. « Nous avons constaté une baisse du niveau d’anxiété et un apaisement chez de nombreuses personnes, parfois transformées par le simple fait de se sentir écoutées et prises en compte dans leurs besoins », conclut le Pr Graf.

« La dévotion du personnel me touche beaucoup »

« Bien sûr, certaines choses me manquent, comme la cuisine que j’aimais faire chez moi, mais je ne peux pas me plaindre… La dévotion du personnel me touche beaucoup. J’ai perdu l’usage de mes jambes et donc une partie de ma liberté, mais une jeune femme bénévole me permet de sortir au parc régulièrement. Et un de mes petits plaisirs est d’aller manger une assiette de frites une fois par semaine à la cafétéria. »

EDMÉE, 86 ans, en soins de maintien aux HUG

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