Suzanne* a suivi l’an dernier la demi-journée «Mon projet, perdre du poids» des HUG. Elle y a trouvé un soutien, une écoute, un groupe et, surtout, une équipe soignante l’aidant, aujourd’hui encore, à découvrir ses propres solutions pour maigrir.
Suzanne confie d’emblée : «Prononcer le mot "obésité" est tout nouveau pour moi : il y a à peine quelques semaines, je n’aurais pas pu l’utiliser.» Pourtant, depuis son enfance, elle souffre de surpoids. Au début, grande et sportive, elle ne vit toutefois pas si mal ses kilos en trop. «Selon les autres, je portais bien mes rondeurs et, de mon côté, je me qualifiais volontiers de "ronde et généreuse"», décrit-elle.
Toutefois, avec les années, les régimes s’enchaînent. Entre deux périodes de privations, Suzanne mange toujours plus. Les kilos s’installent, la culpabilité aussi. «Un jour, ma balance a affiché un poids à trois chiffres. Impensable et inacceptable. J’ai eu un déclic», se souvient-elle. Elle décide alors de se prendre en main et contacte les Espaces de soins pour troubles du comportement alimentaire (ESCAL) des HUG, qui l’orientent vers l’Unité d’éducation thérapeutique du patient (UETP), dirigée par le Pr Zoltan Pataky.
Un programme motivationnel…
Après un premier contact, le programme «Mon projet, perdre du poids», dédié à la lutte contre l’obésité, lui est proposé. Qu’en attend-elle? «Je souhaitais trouver de l’aide. Après mille régimes et toutes les consultations possibles et imaginables, j’avais besoin d’être soutenue par une équipe qui n’allait pas juste me dire ce que je devais faire, mais qui m’accompagnerait pour trouver mes propres solutions. Je souhaitais être une experte à part entière de ma prise en charge», raconte la quadragénaire.
Cette demi-journée, centrée sur la compréhension de l’obésité, insiste notamment sur les principaux axes de levier que sont la diététique, bien sûr, mais aussi l’activité physique, les médicaments et les opérations, ainsi que les comportements alimentaires. Elle rappelle l’importance, pour perdre du poids, de bien se connaître et d’avoir un réel désir d’atteindre ses objectifs. «L’équipe soignante nous motive tout en nous rappelant qu’il sera nécessaire que nous nous engagions pleinement, sur la durée. Elle souligne que les résultats seront inévitablement à la hauteur de notre implication», se souvient Suzanne.
En misant sur le collectif, «Mon projet, perdre du poids» permet aussi aux participantes et participants d’échanger autour de la maladie et de partager leur vécu et leurs difficultés. «Souffrir d’obésité, c’est d’abord souffrir de solitude», rappelle Suzanne.
… « redoutablement efficace »
À la fin de la demi-journée, elle s’est sentie satisfaite. Elle a pris conscience de ses problèmes : «Je souffrais de troubles du comportement alimentaire, mais j’étais dans le déni. C’est grâce au programme et avec un peu de temps que je m’en suis rendu compte.» Elle entrevoit désormais des solutions. L’espoir de se sortir d’un cercle infernal est là, une porte semble s’être entrouverte. «Cette demi-journée est redoutablement efficace pour trouver la motivation de se lancer. L’équipe qui la porte est un vrai partenaire de soin, qui pousse à se prendre en main sur la durée», ajoute-t-elle.
En sortant de son isolement et en obtenant du soutien, Suzanne se sent aujourd’hui prête à entamer un travail de fond sérieux, inscrit dans le temps, pour perdre du poids et ainsi préserver au mieux sa santé, physique comme mentale. Elle suit désormais un autre programme, toujours aux HUG, sur deux ans. «Je sais pertinemment que ce n’est pas en trois consultations que les choses vont changer, car l’obésité, c’est le problème d’une vie», conclut-elle.
* Prénom d’emprunt.
« Mon projet, perdre du poids » : nouvelle prestation d’éducation thérapeutique des HUG
Proposée par une équipe interdisciplinaire, cette demi-journée introductive vise à favoriser l’engagement dans un projet de perte de poids. «L’obésité est une maladie chronique multifactorielle. Il ne suffit pas de manger moins et de bouger plus. La problématique principale est d’ailleurs souvent liée à l’émotionnel», souligne le Pr Zoltan Pataky, responsable de l’UETP. Ce programme présente les prestations de l’unité afin que les patientes et patients choisissent celle qui leur correspond le mieux.
Texte:
- Clémence Lamirand
Photos:
- Giulia Pintus