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  • Elodie Lavigne

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  • François Wavre | lundi 13

Caroline Samer, l’étoile de la pharmacogénomique

A la tête de la Société internationale de pharmacologie clinique, la Dre Caroline Samer fait briller sa discipline par-delà les frontières. Elle travaille sans relâche pour des traitements médicamenteux efficaces, personnalisés et sûrs.
 

Elle frappe par sa douceur, sa discrétion et son sourire. Caroline Samer est responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées aux HUG et vient d’être nommée présidente de la Société internationale de pharmacologie clinique, pour ne citer que quelques-unes de ses fonctions. Cette femme lumineuse, aux origines franco-égyptiennes, dit n’avoir fait que saisir les opportunités qui se sont ouvertes à elle. « C’est une femme d’exception, de par ses qualités humaines et ses compétences. J’ai beau lui chercher des défauts, je n’en trouve pas. Elle a quelque chose de magique ! », décrit avec admiration le Pr Jules Desmeules, chef du Service de pharmacologie et toxicologie cliniques.

Passion pour une discipline méconnue

Caroline Samer a grandi entre Genève et la France voisine. Elle n’est pas une enfant du sérail. Son père, ingénieur en informatique, aura plusieurs vies professionnelles, tandis que sa mère évolue dans le marketing. Cette petite fille curieuse et première de classe, se passionne très tôt pour les sciences et les mathématiques : « J’aime comprendre, expliquer des fonctionnements, résoudre des problèmes. » Ses parents la poussent vers la médecine, « le nec plus ultra dans les familles moyen-orientales », confie-t-elle. Elle se spécialise en médecine interne, puis en pharmacologie et toxicologie cliniques.

Son travail consiste à comprendre l’action et les effets des médicaments, à sécuriser leur prescription et à surveiller leur utilisation une fois qu’ils sont sur le marché. « 5 à 10 % des patients sont hospitalisés en raison d’effets secondaires. On estime que la moitié de ces hospitalisations pourrait être évitée », explique-t-elle. Le déclic pour la pharmacologie survient lors d’un stage : « C’est une discipline très transversale, qui touche aussi bien la médecine interne que la chirurgie, l’enfant que la personne âgée. »

Après sa thèse sur l’oxycodone – un opioïde qui fait des ravages aux Etats-Unis –, elle s’envole pour l’Australie, où elle se spécialise en pharmacogénomique : « Adapter le traitement en fonction du génotype du patient augmente son efficacité et sa sécurité », résume-t-elle. Son engagement pour sa discipline en plein essor est sans faille.

Fibre créative et artistique

Caroline Samer avoue s’ennuyer rapidement. Ainsi, elle apprend l’arabe, l’architecture d’intérieur, se lance dans un bachelor en mathématiques et informatique à distance, puis un master d’études avancées en management. Piano, peinture, création de lampes, elle aime le théâtre, les expositions, les concerts. Elle fait d’ailleurs partie du Conseil de fondation du festival de la Bâtie. « J’ai besoin de ce côté créatif et artistique qu’il n’y a pas suffisamment en médecine », justifie-t-elle.

Grande voyageuse, cette amatrice de culture et de bonne cuisine a visité plus de 70 pays. « Caroline sait écouter les autres. Avec finesse, délicatesse et rigueur, elle arrive à faire travailler ensemble des gens très différents », analyse le Pr Antoine Geissbuhler, responsable du Centre de l’innovation des HUG. En devenant cheffe de projet pour Vision 20/20, le plan stratégique des HUG, et malgré son tempérament introverti, « elle a véritablement déployé ses ailes », dit-il. Cette spécialiste des escape games impressionne par sa vision et sa capacité à trouver des solutions innovantes à des problèmes difficiles. Avec le Pr Christian Lovis, elle travaille sur le consentement dynamique des citoyens pour faire avancer la recherche médicale.

Compétitive et tenace, elle ne laisse pourtant rien paraître. « Elle a un talent énorme, déploie beaucoup d’énergie, sans être jamais stressée, ce qui est réconfortant pour les autres », dit le Pr Geissbuhler. « On me dit que je fais les choses rapidement, mais pour moi c’est normal », confie-t-elle. Cette grande spécialiste des médicaments avoue y recourir le moins possible : « Je viens de me découvrir une hypercholestérolémie, mais je n’ai pas encore pris le traitement, sourit-elle. Cela doit être familial. Mon grand-père aussi et il a 95 ans ! »
 

 

 

1977 Naissance à Ambilly, France.
2001 Diplôme en médecine de l’Université de Genève (UNIGE).
2008 Doctorat en médecine (prix de la Faculté de médecine de l’UNIGE).
2015 Médecin adjoint au chef du Service en pharmacologie et toxicologie cliniques (HUG).
2019 Responsable de l’Unité de pharmacogénomique et thérapies personnalisées (HUG). Déléguée de liaison à l’OMS. Présidente de la division clinique de l’International Union for Basic and Clinical Pharmacology. Vice-présidente de la Commission cantonale d’éthique de la recherche du canton de Genève.

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