En emménageant dans la Maternité, l’Unité hospitalière du développement favorise la proximité mère-enfant. Une évolution dont se félicite le Pr Stéphane Sizonenko, médecin adjoint agrégé au Service développement et croissance.
Pulsations Pourquoi était-ce important de rapprocher le Service de développement et croissance de la Maternité ?
Pr Stéphane Sizonenko Ce service est en charge des nouveau-nés qui ne nécessitent pas d’hospitalisation en néonatalogie. Le rapprochement de l’Unité hospitalière du développement et de la Maternité a donc permis de maintenir une continuité du lieu de soin. Surtout, cela assure aux parents de meilleures conditions, y compris de pouvoir dormir auprès de leur bébé, tout en facilitant la prise en charge de ce dernier. À la différence de la néonatalogie, nous sommes moins là pour soigner des problèmes somatiques aigus que pour soutenir la croissance et le développement du nourrisson.
Comment les parents sont-ils intégrés à la prise en charge ?
Ils apprennent à reconnaître le bien-être – ou le mal-être – de leur enfant et à suivre l’évolution de son développement au fil des semaines. Cette démarche s’inscrit dans la philosophie des soins de soutien au développement et des Family Centered Care, centrés sur l’enfant et sa famille. Il y a également la volonté plus large de favoriser la multidisciplinarité des services et de collaborer avec les équipes de néonatalogie, d’obstétrique, de pédopsychiatrie et du Centre du développement de l’enfant.
Quels bébés accueillez-vous au sein de votre unité ?
Il y a d’abord les nouveau-nés à haut risque de troubles du développement d’origine somatique, comme les grands prématurés, avec ou sans lésion cérébrale. Nous poursuivons les soins somatiques et, avec les parents, le soutien au développement initié en néonatalogie. Une autre catégorie de patients sont celles et ceux à haut risque de troubles du développement dans un contexte psychosocial précaire. Par exemple, les enfants nés de mères avec troubles psychiatriques sévères, toxicodépendantes, rencontrant des difficultés sociales, etc. Enfin, nous accueillons des bébés concernés par des troubles génétiques complexes entraînant des pathologies ou des difficultés développementales qui nécessitent des hospitalisations de longue durée.
La prise en charge des prématurés a-t-elle évolué ces dernières années ?
Quand j’ai commencé ma carrière, ces nouveau-nés étaient un peu laissés à l’abandon dans des couveuses, privés de présence parentale et de stimulation organisée au niveau développemental. Depuis une vingtaine d’années, des soins de soutien spécifiques se sont mis en place, afin de favoriser leur développement moteur, sensoriel et cognitif. Les équipes infirmières disposent de nombreux outils d’évaluation pour améliorer l’apprentissage alimentaire, les stimulations, les manipulations et aussi pour éviter des situations d’inconfort néfastes pour le développement de l’enfant.
En quoi le lien de proximité avec la mère est-il fondamental dans ce tout début de vie du bébé ?
Il est établi que l’interaction avec le monde extérieur, et en particulier avec la mère, joue un rôle sur la plasticité cérébrale. Si cette interaction est bonne, le bébé va suivre une trajectoire de développement psychomoteur normal. Si en revanche elle est inadéquate ou inexistante, cela entraîne des risques de troubles du développement importants.
Constatez-vous, concrètement, l’impact d’un manque d’implication des parents ?
Oui, en particulier chez les enfants nés dans un contexte psychosocial compliqué. Lorsque les parents sont peu disponibles pour leur enfant, des cas de dépression du nourrisson peuvent apparaître. L’enfant se renferme, interagit moins, sa maturation cérébrale est ralentie. Cet état peut survenir assez rapidement. Nous collaborons de près avec l’équipe de pédopsychiatrie en périnatalité pour améliorer cette relation parent-enfant délétère. Notre outil d’évaluation des compétences parentales permet une vision objective des capacités des parents à prendre en charge leur enfant dans sa globalité.
80
enfants environ accueillis chaque année.
10
chambres individuelles (six dédiées à l’Unité hospitalière du développement et quatre chambres mère/enfant pour la néonatalogie).
4 à 6
semaines. Le temps moyen d’hospitalisation des enfants prématurés.
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Nicolas Righetti | lundi 13