Des réponses aux idées reçues sur ces médicaments aux propriétés tranquillisantes et hypnotiques.
Apparues sur le marché dans les années 60 avec le Valium®, les benzodiazépines sont aujourd’hui parmi les molécules les plus consommées dans les pays occidentaux. Prescrites pour leurs propriétés tranquillisantes, somnifères ou myorelaxantes (contre les douleurs musculaires), elles soulagent des symptômes, mais ne soignent pas. Le point avec la Dre Anne François, médecin adjointe au service de médecine de premier recours et avec le Dr Gerard Calzada, chef de clinique au service d’addictologie, sur des médicaments qu’il ne faut ni diaboliser ni banaliser. « Ils demandent une prescription attentive, limitée dans le temps et fréquemment réévaluée », insistent les deux praticiens.
Les benzodiazépines rendent accros.
Vrai. Comme pour d’autres substances addictives, la prise de benzodiazépines mène à une tolérance – augmenter la dose pour avoir le même effet – et des symptômes de sevrage (état de manque) font leur apparition lors de l’arrêt du traitement. D’où l’importance d’un arrêt progressif pour éviter le risque de crise d’épilepsie. Vu que ces médicaments rendent dépendants, il ne faut pas les prescrire plus de trois à quatre semaines: si l’anxiété se poursuit, il vaut entreprendre un travail thérapeutique (psychothérapie de soutien, techniques de respiration, approche corporelle, etc.).
Ils sont donnés lors d’une dépression.
Vrai et faux. On peut les utiliser pour traiter une anxiété invalidante ou des difficultés d’endormissement présentes lors d’une dépression. Mais cela doit se limiter à une courte période, comme accompagnement momentané du traitement antidépresseur qui demeure celui de référence.
Il faut se méfier de leurs effets secondaires.
Vrai. Ces médicaments provoquent une somnolence, de la fatigue, des troubles cognitifs (diminution de l’attention, perte de mémoire), mais aussi des apnées du sommeil voire une dépression. Chez la personne âgée, ils augmentent le risque de chute. En cas de prise prolongée, il y a un risque de développer la maladie d’Alzheimer ou un cancer.
On note des effets sur la conduite d’un véhicule.
Vrai. Ils diminuent la concentration et prolongent le temps de réaction d’où un risque de provoquer un accident.
L’interaction avec d’autres médicaments est dangereuse.
Vrai. Avec la plupart des sirops contre la toux, des antiallergiques, des antidouleurs comme les dérivés morphiniques, il y a un risque de renforcement des effets sur l’organisme pouvant aller jusqu’à un arrêt respiratoire.
Il faut éviter de boire de l’alcool et de prendre en même temps des benzodiazépines.
Vrai. Les effets secondaires sont démultipliés avec la prise simultanée de ces deux substances.
Contre les attaques de panique, rien ne vaut les « benzos ».
Faux. Leur réponse immédiate est tellement efficace qu’en les prescrivant on empêche les gens de chercher des techniques alternatives pour diminuer ces symptômes aigus. En fait, les benzodiazépines permettent de traiter les symptômes, mais pas le problème qui génère ces crises de paniques.
L’anxiété est à éliminer à tout prix.
Faux. L’anxiété n’est pas une maladie. Elle fait partie de l’être humain et a une utilité majeure dans l’évolution de l’espèce : elle nous dit ce qui ne va pas (ce qui est dangereux) et nous permet de réagir (échapper au danger). C’est un signal d’alerte, comme la douleur, mais au niveau psychologique. Par contre, une anxiété excessive et durable peut engendrer une souffrance personnelle et altérer la qualité de vie.
Dossier Addictions
- L’addiction, une passion qui a mal tourné
- La pente de la dépendance
- Benzodiazépines : vrai ou faux?
- Le défi des addictions comportementales
- Sortir de l’ornière
Texte:
- Giuseppe Costa
Photos:
- Pulsations