Texte: 

  • Geneviève Ruiz

Photos: 

  • Nicolas Schopfer

« Ce virus est une saleté »

Gravement atteint par le Covid-19, Claude-Alain Mouthon a été soigné aux soins intensifs avant de poursuivre sa réadaptation à l'hôpital Beau-Séjour. Désormais quasiment remis, il raconte ce qu’il nomme une « angoissante traversée ».

La vie a désormais une autre saveur pour Claude-Alain Mouthon. L’épreuve du coronavirus lui a fait percevoir «notre fragilité et l’importance de profiter de chaque instant». Ce retraité genevois, anciennement développeur informatique, savoure encore plus ses liens avec sa famille et ses amis maintenant. Il faut dire que ce sexagénaire revient de loin. «J’ai toujours vécu en pleine santé, confie-t-il. J’ai juste une hypertension traitée, sous contrôle. Jamais je n’aurais cru, encore début mars, que j’allais affronter une telle maladie. Cela m’a sacrément secoué.»

Claude-Alain Mouthon fait partie d’une chorale. C’est là qu’il pense avoir été contaminé par le coronavirus, autour du 7 mars. «Nous avons appris par la suite que ce sont de véritables nids, car il y a beaucoup de postillons lorsqu’on chante.» Forte fièvre, maux de tête, douleurs oculaires et respiration difficile sont les premiers symptômes du jeune retraité qui, après un test positif au Covid-19, est admis aux HUG le 16 mars. Des examens indiquent des lésions aux poumons et aux reins. Son état s’aggravant, il est transféré aux soins intensifs pour y être intubé. «J’ai pu téléphoner à ma femme juste avant qu’on ne me plonge dans le coma. Cela a été dur de ne pas pouvoir voir mes proches à ce moment-là. Ensuite, je n’ai plus aucun souvenir. C’est comme un trou noir, assez anxiogène.»

Une intubation durant plus de 2 semaines

Il restera intubé plus de deux semaines avant que son état ne se stabilise. «J’ai eu de la peine à sortir du coma. J’ai été plusieurs jours dans un état semi-conscient.» Claude-Alain Mouthon est encore sous dialyse, mais ses poumons vont mieux. Il se sent «liquéfié» : tous ses muscles semblent avoir fondu et il arrive à peine à déglutir. Il prend alors conscience de ce qui s’est passé. «Je me sentais pris dans une longue et angoissante traversée. La seule lumière au bout, c’était l’envie de revoir mes proches.» Il souligne également le travail admirable du personnel soignant, toujours disponible et avenant, même dans les situations stressantes. «Je suis heureux d’avoir pu être soigné dans ces conditions.»

Son état s’améliorant, Claude-Alain Mouthon est transféré à l’hôpital Beau-Séjour, où il restera deux semaines en réhabilitation. «Lorsque je suis arrivé là-bas, je me sentais tellement faible et dépendant que j’ai pensé que ma guérison allait prendre des mois.» Ses journées passent rapidement entre les séances de physio et d’ergothérapie. Il voit aussi un psychiatre qui l’aide à mettre des mots sur le choc vécu. Il fait quotidiennement des appels téléphoniques ou conférences vidéo avec ses proches. «Ce contact m’a beaucoup aidé, même s’il ne remplace pas la présence. J’ai apprécié le cadre de ma réhabilitation, car Beau-Séjour possède un parc magnifique. Le personnel est efficace et attentif. De plus, le hasard a fait que mon frère, également hospitalisé pour le coronavirus, s’est retrouvé en même temps que moi en réhabilitation. Nous avons vécu de beaux moments d’échanges.»

La vie marquée par le coronavirus

L’état général de Claude-Alain Mouthon s’améliore rapidement. Lorsqu’il retrouve son domicile le 6 mai, il doit encore prendre des médicaments pour ses reins, mais la dialyse n’est alors plus nécessaire. Parallèlement, il s’astreint à un régime spécial. L’ancien informaticien est encore suivi ponctuellement par le Service de néphrologie des HUG. Il se considère comme extrêmement chanceux : «J’ai vu des patients qui mettaient beaucoup plus de temps à se remettre et qui gardent des séquelles. Ce virus est une saleté.»

Une fois chez lui, Claude-Alain Mouthon retrouve vite la forme. Il revoit des amis et apprécie ces moments de convivialité. Si la vie du jeune retraité a retrouvé sa normalité, le virus y a néanmoins laissé des traces : «Je ne me sens pas, pour l’instant, prêt à retourner chanter dans une chorale. J’ai trop peur de revivre cela.»

Le Covid-19 (ou maladie à coronavirus 2019) se transmet par contact étroit et prolongé avec une personne. La maladie peut se manifester par différents symptômes respiratoires (maux de gorge, toux sèche, etc.), fièvre, perte soudaine de l’odorat ou du goût. Des maux de tête, une faiblesse générale, des douleurs musculaires, etc., peuvent aussi apparaître. Les cas peuvent être de gravité variable.

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