Située au cœur des montagnes valaisannes, la Clinique de Crans-Montana propose des séjours de réhabilitation en médecine interne. Depuis un an, elle est rattachée aux HUG. Tour d’horizon de ce lieu unique, où l’on soigne le corps, sans oublier l’âme.
On l’aperçoit au loin sur une colline, accolée à la montagne, au cœur d’une verdure éclatante. Sur le chemin menant à la Clinique de Crans-Montana, les drapeaux des cantons du Valais et de Genève flottent au vent. Cet édifice centenaire, ancien sanatorium, a été repris par les HUG il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui, la clinique accueille en majorité des patients genevois pour des séjours de réadaptation après une intervention chirurgicale, une hospitalisation post soins aigus ou dans le cadre de maladies chroniques selon la prescription du médecin traitant. Entre ces murs, pas de soins aigus, mais une prise en charge globale et multidisciplinaire assurée par des médecins, des psychologues, des physiothérapeutes, des diététiciennes, des infirmières et des aides-soignants.
Un reconditionnement global
A leur arrivée, les patients sont pris en charge par un médecin et une infirmière pour un premier bilan médical. Les objectifs thérapeutiques sont définis selon les besoins et les ressources de chacun, avec une réévaluation hebdomadaire. Les situations cliniques rencontrées relèvent de la médecine interne générale : pathologies cardiaques, respiratoires, psychosomatiques, mais aussi des cas d’oncologie, de gériatrie, etc., avec très souvent un cumul de plusieurs pathologies. Au sous-sol, un laboratoire d’analyses médicales côtoie le local de radiologie, permettant de réaliser des examens de base et, si nécessaire, d’ajuster les traitements. En plus du suivi médical strict, les approches proposées sont nombreuses : diététique, physiothérapie (rééducation, réentraînement à l’effort, thérapies manuelles, antalgie classique, etc.), thérapies à médiation corporelle (relaxation, art-thérapie, mindfulness, etc.), entre autres. Ici, on encourage les patients à sortir et à soigner leur hygiène de vie, commente Georgina Mary, infirmière adjointe responsable des soins : « Nous les aidons à reprendre un rythme régulier grâce à des conseils personnalisés ou des ateliers spécifiques sur des thèmes comme l’alimentation ».
Mais l’éventail des approches ne saurait remplacer la composante relationnelle des soins, qui est au cœur de la prise en charge, comme l’explique Simona Mateiciuc, médecin-cheffe de service : « Il y a souvent de l’anxiété liée au fait d’être malade. On essaie de comprendre le vécu des patients, ainsi que leurs représentations de la maladie. Grâce à l’éducation thérapeutique, ils acquièrent une meilleure connaissance de leur maladie et de leur traitement ». Une vision globale et personnalisée que revendique la directrice de la clinique : « Nous tenons compte de la personne dans sa réalité biomédicale, mais aussi sociale et spirituelle », ajoute Sylvianne Mainetti. Les moments informels entre soignants et patients ne sont pas rares ici : on se croise, on se sourit, on échange quelques mots et on se quitte avec un regard ou une main empreints de compassion et de chaleur humaine.
Témoignage #1
« C’est ma deuxième maison »
GASTON, 83 ans
Je suis venu pour la première fois à la clinique après une opération de la hanche. Celui-ci est mon septième séjour. Je suis là pour une BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) et une infection aux poumons. Je prends des médicaments, je fais de la physiothérapie respiratoire et j’essaie de me remettre en forme. Ce matin, on m’a fait une prise de sang. Je manquais de fer alors on m’a tout de suite fait une perfusion. Le lien entre les infirmières et moi est extraordinaire. Je suis bichonné et cela m’aide dans ma guérison. Après un séjour dans ce cadre et cette bienveillance, je suis simplement heureux. C’est ma deuxième maison.
Témoignage #2
« On travaille beaucoup sur le lâcher-prise »
LUCIENNE, 57 ans
J’ai eu beaucoup de complications à la suite d’une intervention où on m’a enlevé des métastases et un poumon. J’avais besoin d’un lieu adéquat pour faire de la rééducation pulmonaire et pour retrouver du tonus musculaire. J’ai fait de la physiothérapie respiratoire deux fois par jour avec des personnes compétentes. J’ai suivi un programme de remise en mouvement, bénéficié d’une prise en charge diététique, et essayé la méditation pleine conscience. J’ai aussi choisi de faire de l’art-thérapie, car créer rajoute beaucoup de bonheur à la réalité d’une journée.
J’ai beaucoup entendu parler du concept de « patient au centre », mais c’est très concret ici. Il y a beaucoup de bienveillance. On travaille notamment sur le lâcher-prise et sur l’acceptation. L’environnement et l’altitude ont aussi un effet thérapeutique. C’était très encourageant de marcher dans la nature, de respirer les essences. Les abords de la clinique sont magnifiques.
A mon arrivée, il y a quatre semaines et demie, je ne parvenais plus à marcher ni à vivre sans appareil respiratoire. Je ne pouvais pas sortir, seulement profiter du soleil sur le balcon, avec le vent dans les cheveux. Aujourd’hui, je suis autonome et capable de reprendre mon quotidien, à mon rythme. La différence est immense.
Témoignage #3
« J’ai vécu une renaissance ici »
MAJA, 78 ans
Je suis venue à la clinique pour la première fois il y a 23 ans, à la suite d’un accident de la circulation. Depuis, j’y ai fait plusieurs séjours en lien avec cet accident. J’étais dans un état lamentable. J’ai vécu une renaissance ici. Je viens pour guérir mes blessures à l’âme et au corps. Le cadre est réglementé, mais très chaleureux. Avec les années, le personnel est devenu un point d’attache, une seconde famille. La prise en charge est exceptionnelle et la cuisine excellente. Il y a de l’entraide entre les patients. J’ai un programme précis ici : je veux réapprendre à descendre les escaliers et retrouver la force dans mes jambes. Les possibilités sont nombreuses, je me sens privilégiée.
Témoignage #4
« Ici, je me suis ouvert et je me retrouve »
SHALI, 55 ans
Je suis là pour des raisons psychiques. Il y a un mois, je n’avais plus envie de parler. Ici, j’ai commencé à faire des activités, du fitness, de la marche, des ateliers créatifs. Je vois une psychologue un jour sur deux. La présence médicale me rassure. Je parle beaucoup avec les infirmières, on se sent écouté. Les soignants préparent doucement mon retour, en faisant le lien avec le réseau de santé. Cela fait deux ans et demi que je ne travaille plus. J’aimerais retrouver le chemin professionnel.
Texte:
- Elodie Lavigne
Photos:
- Mark Henley