Texte: 

  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • Bogsch & Bacco

L’hypnose pour soigner les enfants

Jusqu’à 30% des enfants en âge scolaire seraient concernés par ce trouble déroutant engendrant maux de ventre intenses, jours d’école manqués et hospitalisations sans bénéfices notables. Son nom : douleur abdominale fonctionnelle.

Sa particularité : des douleurs bien réelles, mais l’absence de cause dite «organique», autrement dit d’anomalie au niveau du tube digestif. «De nombreuses questions se posent encore pour comprendre ce trouble. Tout porte à croire qu’il est initié par un facteur déclenchant – une gastro-entérite par exemple –, associé à des événements de vie stressants, le tout faisant perdurer un signal douloureux se manifestant régulièrement. La clé de l’énigme semble se situer dans l’axe cerveau-intestin-microbiote», résume la Dre Morgane Thorens-Borgeat, cheffe de clinique à l’Unité de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques.

Conséquence : «Pour "apaiser" cet axe, la démarche la plus efficace, bien loin devant les traitements médicamenteux, est l’hypnose. Car l’objectif est avant tout de viser la gestion des épisodes douloureux», poursuit l’experte. Désormais proposée à l’hôpital, la technique est loin d’être anecdotique. «Ses résultats sont spectaculaires chez les enfants souffrant de maladies intestinales chroniques comme les douleurs abdominales fonctionnelles», confirme le Dr Benjy Wosinski, chef de clinique au Service de pédiatrie générale et consultant d’hypnose médicale pédiatrique. Et d’expliquer : «Le cerveau se modifie sous l’effet de la douleur, par le biais d’une trentaine d’aires différentes. Parmi elles : les systèmes des sensations (amplifiées par les douleurs), des émotions (bloquées en mode "danger"), d’anticipation (craignant la prochaine crise) ou encore d’attention (focalisée sur la maladie). Et c’est ainsi que le cerveau entretient la douleur.»

La bonne nouvelle ? «Ces mécanismes sont réversibles grâce à des approches comme l’hypnose. Les études menées par imagerie à résonance magnétique (IRM) ont ainsi montré la façon dont des aires cérébrales "affolées" par la douleur parviennent à s’"éteindre" pour permettre au cerveau de retrouver un fonctionnement normal. En pratique, l’hypnose, qui peut être proposée dès l’âge de 6-7 ans, s’invente au cas par cas, selon le moment, l’enfant, son imaginaire. Parfois les résultats sont si impressionnants que trois à quatre séances suffisent», se réjouit l’expert.

30 %

la proportion d’enfants en âge scolaire qui souffriraient de douleur abdominale fonctionnelle.

Texte: 

  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • Bogsch & Bacco
Partager
En savoir plus

Mots clés: 

Autres articles